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Ce n'est pas à Genève que se joue l'issue du conflit syrien

par Kharroubi Habib

Dans une conférence de presse la veille de l'ouverture à Genève d'un nouveau round des pourparlers sur la Syrie sous l'égide de l'ONU, Staffan de Mistura, le médiateur pour le compte de celle-ci, s'est déclaré peu optimiste sur son issue et n'en attendre qu'un accord entre ses protagonistes quant à la poursuite malgré tout du processus de négociation en vue de rechercher une solution politique qui mettrait fin à l'interminable et sanglant conflit qui les oppose et détruit leur pays.

De fait et malgré les contacts qu'il a multipliés pour convaincre les parties prenantes au conflit d'assouplir leur position et afficher la volonté à vouloir régler de cette façon la crise syrienne, Staffan de Mistura sait parfaitement qu'il faudra bien plus que la semaine impartie au nouveau round des pourparlers inter-syriens pour qu'il soit enregistré une quelconque avancée vers sa résolution. Il y a en effet que les parties syriennes qui prennent part aux négociations qui ont débuté à Genève jeudi sous ses auspices clament certes qu'elles sont animées de la volonté de conclure un accord politique, mais s'accrochent en réalité à l'option militaire en tant que solution au conflit. Outre leurs divergences les rendant peu ouvertes à un règlement politique, ces parties sont contractantes à des agendas écrits pour leur pays par leurs soutiens étrangers auxquels elles sont tenues de se plier pour ne pas perdre les aides de ces derniers et par conséquent la possibilité de terminer le conflit à leur avantage respectif.

En tant que diplomate avisé que les interférences étrangères sont le véritable obstacle à la résolution rapide et par voie politique du conflit syrien, Staffan de Mistura a raison d'être sans illusion sur les négociations auxquelles il office en tant que médiateur. Il sait en effet que celles qui mettront fin à la tragédie syrienne se déroulent en réalité à l'extérieur de la salle de conférence à Genève avec pour protagonistes les puissances qui y sont impliquées aux côtés d'un camp belligérant syrien ou un autre. C'est le sachant qu'il ne fait pas preuve d'optimisme pour avoir constaté que ces puissances sont loin de vouloir mettre fin à un conflit dans lequel elles sont parties prenantes avec pour motivation des intérêts géopolitiques s'opposant et dont la coexistence est impossible.

Il y a d'autant peu d'espoir qu'un « miracle » se produise dans le nouveau round des pourparlers sur la Syrie qui a débuté jeudi à Genève qu'il a lieu sous le parrainage de la Russie, la Turquie et l'Iran mais en l'absence de celui des Etats-Unis dont l'influence sur l'évolution du conflit est tout autant déterminante que celle des Etats en question et que l'Arabie saoudite, le Qatar et la France ne s'estiment pas tenus par l'accord politique qu'il pourrait esquisser prévoyant dans ses dispositions l'inclusion à sa mise en œuvre de Bachar El Assad et de son régime.

S'agissant de la France, le Figaro a publié une note confidentielle rédigée par le Quai d'Orsay à l'intention de ses diplomates d'où il ressort que pourparlers de paix ou pas sur la Syrie, Paris continuera à fournir son aide militaire à l'opposition armée syrienne pour lui permettre de surmonter la défaite que lui ont infligée les forces gouvernementales et de poursuivre la lutte contre celles-ci jusqu'à la chute du régime. L'entêtement de la France concomitamment avec celui des pétromonarchies entraînera la poursuite du conflit et de ses tragédies humanitaires pour le peuple syrien. Ce dont ces Etats se moquent tant pour eux, seul compte qu'ils finissent comme eux le veulent pour la Syrie.