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TÉNÈS: Pourquoi la ville a toujours peur de la pluie

par Bencherki Otsmane

Quinze ans se sont écoulés depuis les violentes inondations de 2001 qui ont causé des dégâts humains et matériels importants, en particulier dans le nord de la wilaya et sur le littoral.

Quinze communes, sur les trente-cinq que compte la wilaya, avaient été alors déclarées officiellement zones sinistrées. Il s'agit, entre autres, de Ténès, El Marsa, Sidi Abderrahmane, Talassa, Dahra, Abou El Hassen, Sidi Akkacha et Bouzghaia. Le bilan était lourd. On dénombrait, en effet, plus de 15 morts, 3.000 familles sans abri et plusieurs secteurs de l'activité socioéconomique sérieusement touchés. Principale cause de cette catastrophe, l'absence d'ouvrages d'art pour canaliser les eaux tumultueuses des oueds de la région. Mais il y a aussi ces constructions de digues ou de galeries souterraines, censées évacuer les eaux pluviales, qui étaient sous-dimensionnées ce qui a permis à ces dernières d'inonder des quartiers entiers. C'est le cas à Ténès, plus précisément au quartier «La Cave» qui a connu sa pire catastrophe car en sus des dégâts matériels considérables, il y a eu également mort d'hommes. Le pont datant de 1928 et reliant les deux rives de la ville de Ténès (d'une part celle où se trouve le port et le quartier Est de la ville en l'occurrence La Cave et celle de Ténès-ville à l'ouest) a été sérieusement endommagé, rendant les secours difficiles et surtout dangereux. Malgré cela les secours s'organisèrent et les pouvoirs publics ont pu intervenir pour atténuer les souffrances des sinistrés en distribuant notamment des vivres, des couvertures et des tentes. A la suite de cette calamité, le gouvernement a pris une série de mesures d'urgence pour prendre en charge les dommages causés. La plus importante portait sur la construction de digues et de galeries souterraines pour évacuer les crues et aussi la construction d'un nouveau pont. Cependant, certains ouvrages se sont avérés carrément inefficaces et ont dû être refaits et surdimensionnés, moyennant de nouvelles opérations financières. C'est le cas, par exemple, des travaux exécutés à Ténès et Talassa et qui ont nécessité une enveloppe supplémentaire de plusieurs milliards de centimes. Mais apparemment ces ouvrages demeurent inadaptés en cas de survenue de fortes pluies. Les dernières fortes précipitations du week-end dernier qui ont coïncidé avec la date de ce triste quinzième anniversaire viennent rappeler une fois de plus que le danger est omniprésent car si pour cette fois-ci on a enregistré seulement des débordements d'eau provenant de l'oued Tiffelis, les citoyens du quartier La Cave de Ténès craignent pour leur vie, si les pluies venaient à durer dans le temps. Ce dernier épisode pluvieux survenu 15 ans après jour pour jour après les inondation de 2001 n'est-il pas un avertissement destiné aux autorités pour prendre au sérieux le problème et surtout engager des travaux adaptés pour faire face à toute menace des crues provenant de l'oued Tiffelis ?

Compte tenu de la gravité de la situation, le nouveau wali s'est déplacé récemment à Ténès pour constater de visu les travaux engagés pour protéger les populations locales des inondations. Toutefois selon la majorité des citoyens de ce quartier, «le problème réside dans l'exécution des dits-travaux car, étant sous-dimensionnés, ces ouvrages ne peuvent pas canaliser d'aussi importantes chutes de pluie d'où diront-ils des débordements inévitables sont relevés suivis d'inondation du quartier». De toute évidence, il y a urgence en la matière. Cela suppose que la gestion des catastrophes ne peut rester toujours aléatoire avec toutes les conséquences qui en découlent pour les personnes et les biens.