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Une dignité Schengen

par Moncef Wafi

Les incidents du centre de rétention des étrangers à Madrid et les soupçons entourant une probable répression policière contre des citoyens algériens, même en situation irrégulière, reposent avec acuité le problème de la vulnérabilité des Algériens en terre étrangère. Ce qui s'est passé dans la capitale espagnole, tout comme cela a été le cas à Valence, n'est pas un cas unique dans les annales et la première question légitime que convoque l'esprit est le rôle des représentations diplomatiques et consulaires algériennes dans ces cas de figure.

En 2009, le président de la Fédération des associations algériennes en Europe, Belmeddah Noreddine, était allé jusqu'à accuser le ministère des Affaires étrangères de ne pas défendre les intérêts des Algériens en Espagne. A l'époque, il avait tiré la sonnette d'alarme sur le sort de centaines d'Algériens livrés à eux-mêmes, notamment en Espagne où leurs droits sont tout simplement bafoués quand ils ne sont pas bien évidemment morts, évoquant le cas des harraga enterrés en terre ibérique. Il avait interpellé solennellement le président de la République pour rapatrier dans leur pays et chez leurs familles tous les harraga enterrés en Espagne.

Cet aspect des mésaventures des Algériens à l'étranger illustre parfaitement le quotidien de ces jeunes qui ont tout sacrifié pour un hypothétique ticket pour la réussite. Ils sont des milliers à vivre à la lisière de la légalité, avec neuf orteils dans la clandestinité et un espoir de voir les choses s'arranger. Jouant le jeu et livrés à eux-mêmes, ils sont parfois victimes de brutalités policières sous le sceau d'un statut de clandestin qui sonne comme une condamnation d'avance. Généralement, les autorités consulaires ne sont pas toujours présentes aux côtés de leurs compatriotes. Si le devoir d'assister les Algériens en difficulté est dans leur cahier des charges, celui d'aider les sans-papiers est avant tout moral.

L'ambassade à Madrid a clairement résumé l'histoire de ces harraga en insistant sur leur statut d'irrégulier et non de criminel. Comment en est-on arrivé à ce que des policiers molestent des citoyens algériens à l'étranger ? La faute incombe à ce silence parfois complice, parfois gêné de nos représentations diplomatiques lorsqu'elles ne donnent pas le la. Si Lamamra a réussi à redonner de la voix à la diplomatie algérienne, il est plus que temps que nos ambassadeurs et consuls s'attellent à protéger la dignité de l'Algérien là où il se trouve.