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LA PIETRE DIPLOMATIE

par M. Abdou Benabbou

Le fusible a sauté et le pion est tombé. Que l'ex-secrétaire général se soit vu érigé en parfait porte-parole du premier cercle du pouvoir, l'opinion publique avait tôt fait de comprendre que les sorties verbales tonitruantes de Saïdani s'inscrivaient dans une posologie dictée avec une désharmonie des mots pour consolider un ordre voulu. Bien avant le général major Toufik Médiène, d'autres personnalités avaient été sujettes à des secousses préparées dans l'ombre pour voir leurs ailes taillées par des chargés de mission dont le rôle était de sortir les langues des poches pour bien exposer des vindictes sur la place publique. Zélé et pensant assumer une obligation divine, Amar Saïdani a fait mieux en manipulant une tronçonneuse pour limer les hiérarchies.

Mais tant qu'il s'agissait de cuisine interne, même si elle s'avérait trop épicée, les griefs et les accusations portés trouvaient bon dos et le jeu politique sombre s'accommodait avec une vieille culture qui veut que les calculs et manigances de paliers se fassent sans trop de dégâts.

Ce ne fut pas le cas pour la dernière sortie de l'ancien secrétaire général car il a mis ses gros sabots dans un terrain trop sensible où il n'était pas question seulement d'assener des coups à des individualités éparses, mais il a surtout pris pour cible de bien graves complicités avec une puissance étrangère. En porte-parole informel et en accusant le général Médiène et d'autres militaires d'être des agents de la France, avec le court lien fait avec les événements malheureux de Ghardaïa, Saïdani a mis à mal tous les efforts entrepris ces dernières années par la diplomatie algérienne en matière de politique étrangère.

Le Président Bouteflika a toujours pensé que ce domaine était sa chasse exclusivement gardée. Le décompte des kilomètres qu'il a avalés pour sortir le pays de l'isolement est fastidieux et le résultat est incontestable. Les malodorants effluves des printemps arabes cependant sont toujours présents et les tordues initiatives verbales de l'ancien secrétaire général du FLN pouvaient réveiller un volcan qui n'est pas tout à fait éteint.