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Saadani et des interrogations

par Moncef Wafi

Décision personnelle ou démission forcée, le départ du désormais ex-patron du FLN ne laisse pas indifférent. En quittant ce samedi la barre du parti, Saadani met fin à un bras de fer engagé avec des redresseurs, de plus en plus nombreux, et scelle un mandat fortement controversé ponctué par des périodes mouvementées suivies de longs moments d'hibernation restés sans explication. Mais le plus notable dans cette présidence reste les attaques verbales de l'homme contre les «ennemis» du clan présidentiel qu'il a lui-même jugés et condamnés.

Si l'explication officielle est à chercher dans des raisons médicales, il ne fait aucun doute sur la nature de ce départ. Demandé, attendu et espéré, son limogeage, puisque c'en est un, intervient en droite ligne de sa dernière sortie médiatique, le 5 octobre dernier, où il s'est attaqué frontalement aux anciens officiers de l'armée française, au mouvement de redressement sans oublier sa meilleure cible depuis deux ans, l'ex-patron du DRS, accusé d'être derrière les troubles dans plusieurs wilayas du pays. Une sortie qui n'a pas été du goût de ses parrains qui y ont vu un dépassement de fonction et surtout un personnage sulfureux difficile à contrôler. Confiant en ses relais, il ne prévoyait aucunement cette issue, se projetant même dans l'avenir politique du pays. Tribun hors pair, Saadani doit son heure de gloire à ses premières remises en question de la toute-puissance du général Toufik. Ses critiques, une première dans l'histoire de l'Algérie, ont creusé les premières pelletées de la tombe du DRS, version Toufik, suscitant l'incrédulité des Algériens. Actionné, il avait tiré salve après salve sur le général major à la retraite, l'accusant de tous les maux de l'Algérie. Son heure de gloire passée, Saadani, peut-être se croyant réellement investi d'une mission nationale, a commencé à collectionner les impairs, se mettant publiquement à dos Ouyahia, appelant à revoir la position de l'Algérie sur le dossier sahraoui ou en s'éclipsant lors de la polémique soulevée par le tweet de Valls. Il a voulu aller plus vite que la musique et a fini par de fausses notes qui ont précipité sa mise à l'écart.

Sa fin signifie-t-elle quelque chose dans les rapports de force qui se jouent pour la succession de Bouteflika ? A la veille des législatives, son remplacement par Ould Abbès voudrait dire que l'on cherche à préserver le FLN des tiraillements internes annoncés et mettre le mouvement de redressement devant le fait accompli. Les réactions des acteurs partisans et politiques clarifieront certainement les zones d'ombre qui persistent et apporteront leur lot de réponses.