Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Constantine - Marché du mouton: Timides frémissements

par A.Mallem

"Qui peut penser, à cette heure-ci, à l'achat du mouton de l'Aïd-el-adha, fête dont l'avènement est attendu dans une quinzaine de jours au moins ?", nous ont rétorqué des résidents de la cité Boudraâ Salah, rencontrés, hier, à l'ancienne décharge municipale où était prévu l'aménagement d'un des trois espaces autorisés, par la commune de Constantine, pour la vente de moutons destinés au sacrifice. "Les familles ont d'autres chats à fouetter", ont ajouté nos interlocuteurs. "L'attention des familles et tous leurs moyens financiers sont fixés sur la préparation de la rentrée scolaire du 4 septembre", ont-ils expliqué, non sans un certain humour, en raillant la presse et l'administration communale qui, selon eux, ont ouvert, trop tôt, le marché dans leurs colonnes et bureaux. Et ils n'avaient pas du tout tort car les endroits indiqués, dans le communiqué de l'APC, étaient vides, totalement vides, il n'y avait pas plus de marchands que de moutons, lors de notre passage, ce samedi après-midi, date prévue pour l'ouverture des points de vente des moutons. C'est le même constat que nous avons fait sur place, aux deux autres points situés à la sortie de la cité Boussouf et du lieu-dit "ferme Gérard"

Dans les communes de Ain Abid et Zighoud Youcef où nous avons fait un sondage, nos sources nous ont fait la même réponse, affirmant qu'il y avait quelques mouvements du côté des fermes et exploitations, dans les marchés hebdomadaires où les rares clients potentiels ont pu se rendre compte des prix du mouton. "Les prix qui se situent dans une fourchette de 4 à 6 millions, selon le gabarit de la bête, restent à la portée de toutes les bourses", ont-ils estimé. Mais tout de suite après, cédant à la prudence, ils ont affirmé que "cette tendance reste tout de même à confirmer après la rentrée scolaire". Et notre interlocuteur de Zighoud Youcef de signaler que c'est toujours la même catégorie de clients, ceux qui possèdent des locaux vides ou des endroits aménagés pour abriter les animaux, qui procèdent à l'achat dès l'ouverture du marché.

A Ain Abid, commune agricole par excellence qui dispose de plusieurs grandes exploitations et fermes tenues par les éleveurs, les citoyens ont commencé à remarquer l'arrivée des clients habituels qui se dirigent vers les fermes pour "réserver" le mouton, payer 50 % du prix convenu avec le propriétaire et revenir une journée ou deux avant l'Aïd pour le prendre. "Chez les éleveurs de notre commune, nous a déclaré un habitant, les citoyens aux bourses modestes peuvent avoir leur mouton, de moyen gabarit, en le payant entre 4 et 5,5 millions de centimes. Pour le 'kebch' de forte taille, il faut compter entre 6,5 et 7 millions. C'est relativement bon marché", a-t-il considéré. Dans la commune d'El-Khroub qui reste, aussi, une zone traditionnelle d'élevage du mouton, le point de vente ouvert par la commune, connaît une "petite affluence depuis le week-end avec l'arrivée des éleveurs de la wilaya voisine d'Oum-El-Bouaghi où le pastoralisme est une activité ancrée chez les Chaouias depuis la nuit des temps.

Mis à part ces timides "frémissements", il semble, comme nous l'ont signifié nos interlocuteurs, qu'il faut encore attendre au moins une semaine pour voir le marché du mouton du sacrifice s'animer et prendre ses contours habituels. Surtout après l'arrivée des forts contingents de moutons venant des wilayas du Sud comme Biskra, M'sila, Djelfa, etc. C'est l'avis des spécialistes et des connaisseurs de la chose.