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UN COMBAT DOUTEUX

par Moncef Wafi

Il y a comme un décalage entre la politique extérieure française et les propos de ses responsables quand ils annoncent une époque d'«hyperterrorisme» pour paraphraser le Premier ministre de Hollande. Lorsque Valls a affirmé, hier, qu'il y aura d'autres attentats «d'ampleur» en Europe, il n'a rien apporté de nouveau oubliant seulement de demander pardon à toutes les victimes du terrorisme partout dans le monde abattues par l'aventurisme français en Libye, au Mali et en Syrie, entre autres parties du monde où Paris a apporté sa conception de la sécurité.

Valls, à travers ses prédictions, est dans son rôle, d'une part justifiant la constitutionnalisation de l'état d'urgence, et de l'autre mettre sous haute surveillance une religion stigmatisée par ces mêmes actions décidées par les conseillers du président français et une population shootée à la peur et la haine. Loin de constituer un scoop, puisqu'elle avait déjà été évoquée par le Renseignement américain, cette présence durable de l'hyperterrorisme est expliquée par Valls comme une contingence entre «un pseudo-messianisme religieux et l'usage de la terreur de masse». Pourtant, et en utilisant ce concept de «terreur de masse», le probable futur candidat à l'Elysée se trompe de cible, pourrions-nous dire, puisque l'actuelle politique française engagée depuis le retour de la gauche aux affaires a tout fait pour plonger la société française dans un totalitarisme qui ne dit pas son nom.

L'Etat français tend de plus en plus à confisquer une partie des libertés individuelles de ses citoyens, tentant de s'immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée, en leur imposant à tous l'adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté. La criminalisation de la critique contre Israël ou la déchéance de nationalité en sont les exemples les plus édifiants. Et lorsque ce même Valls se permet de juger l'intervention militaire russe en Syrie, qui a eu le mérite de casser l'échine de Daech dans la région, lui enjoignant d'arrêter ses frappes qui touchent la population civile, il y a certainement comme un gros malentendu. En effet, Français et Américains sont mal placés sur ce dossier puisque coutumiers des bavures militaires, massacrant des populations civiles, sans vraiment s'en soucier. Des dommages collatéraux qu'ils appellent ça.