Le constat pourrait s'avérer amer. L'amertume viendrait du décalage entre la réalité sociale et l'exercice verbal de la minorité intellectuelle qui se complaît dans une littérature politicienne située à mille lieues des vraies préoccupations de la majorité de la population algérienne. Osons donc demander à la plupart des passants, ce lot de faux badauds résignés s'il a entendu parler de Constitution et s'il se préoccupe de sa teneur. Nous nous rendrons compte que le fossé entre l'état d'esprit du citoyen et le gargarisme trop épars des prétendus politiques est effarant. La conscience populaire n'a de seul intérêt que pour l'inadéquation entre la fiche de paie et le prix du kilo de pommes de terre. Le vrai débat est au cœur du porte-monnaie quand il n'est pas porté par les mille soucis sur la survie de la progéniture adossée contre des murs contre lesquels elle bute tous les jours.

Il n'est pas dit que chaque citoyen manque de culture politique. Mais c'est du mal fondé de la citoyenneté dont il s'agit lorsque en son nom des prévôts autoproclamés manipulent toutes sortes de procurations pour parler outrageusement en son nom.

Il a toujours été vrai que des lois sont nécessaires pour tracer un parterre qui permet à un peuple d'adapter ses droits avec ses devoirs et un texte aussi fondamental que la Constitution a pour objectif d'indiquer un itinéraire auquel toute la société doit se plier. Mais une frange d'illuminés inscrite dans la confusion avec pour qualificatifs le pouvoir et l'opposition se complaît avec de faux mandats à trifouiller les contradictions pour justifier un rôle que personne ne lui a accordé. On la regarde d'un œil distrait s'échiner et se crêper le chignon comme on regarderait une pièce théâtrale de mauvais goût.

Sévère constat, il faut bien l'admettre, quand on assiste médusé au naufrage d'un navire où tout le monde est embarqué et où tous ceux qui se prétendent timoniers s'ingénient seulement avec débilité à se disputer pour imposer une chansonnette pour accompagner la dérive.