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Autrefois à Rome, les élites ne voyaient pas le peuple, ni
ses hommes ni ses femmes, il n'était pour eux qu'une populace, une foule
amorphe d'individus résignés-réclamants, ignorants,
dépourvus de pensée et incapables d'avoir des avis personnels sur les affaires
de la cité. Sa condition est le fait de la providence et son exclusion est due
à son caractère rechignant. Pour les dominants, la pauvreté du peuple est une
destinée, une malédiction du ciel, sa mendicité, sa délinquance et sa sédition,
sont une tare inscrite dans son génome. Cet ordre établi et voulu par les
gouvernants, occulte maladroitement, le vrai problème de la demande de justice
sociale qui se manifeste, dans l'ampleur des protestations. Quand le phénomène
s'amplifie et devient sérieux, la frayeur change de camp. La crainte de la
révolte devient profonde chez les élites. Que veulent ces frondeurs ? Du pain!
«Panem» L'Empereur décide, alors, de distribuer
gratuitement du pain à la plèbe. Mais un tube digestif plein ne garantit pas,
forcément, à lui seul, la paix (sociale) et n'empêche pas de nouvelles
révoltes, à Rome. Quand le ventre est plein la tête chante, dit l'adage de chez
nous. Le pain gratuit, alors pourquoi travailler ? Le peuple s'ennuie, commence
à se poser des questions et c'est un mauvais présage pour la stabilité de
l'ordre. Pour parer à ces émeutes, l'Empereur Titus lui offre un monument, une
merveille architecturale, Le Colisée et ses arènes, dans lequel s'affrontent,
un jour sur deux, des gladiateurs avec des fauves dans des combats sanglants et
mortels, pour un peuple en liesse. Ces jeux divertissaient et occupaient,
quasiment, toute la vie à Rome, c'était le début de la fin. La fin d'une
époque, l'extinction d'une civilisation qui n'avait pas vu le temps passer et
ses élites n'ont pas senti l'involution létale et la naissance d'un monde
nouveau qui se fera, sans eux, ont continué à penser, dans un cadre archaïque
et dépassé, avec des idées révolues. Il est vrai que l'histoire ne se répète
pas, mais il est vrai aussi, et démontré par empirisme, que les mêmes causes
produisent presque toujours les mêmes effets. Les sociétés arabes n'arrivent
pas à sortir de leur sommeil profond, ils sont dans un monde anachronique qui a
rendu, définitivement, son âme, en 1492 à Grenade avec les derniers musulmans
qui quittèrent la péninsule ibérique, quand paradoxalement le 12 octobre 1492,
Christophe Colomb accoste aux Bahamas et offre les Amériques au monde chrétien.
Depuis, les musulmans se sont réfugiés et repliés dans leurs certitudes, en
quête de leur protecteur. Lestés dans leurs corps, ne regardant le monde
nouveau, qu'à travers le trou de la serrure qui les enferme, dans leur pudeur,
ils implorent le ciel pour les protéger et pour leur donner un sauveur, un
chef, un héros qui les sécurise et apaise leur souffrance. L'émancipation est
une liberté retrouvée, mais ils n'en veulent pas, ils la craignent, elle est
dure à porter, elle les oblige à vivre le monde, dans sa globalité et dans ses
difficultés. La réalité leur fait peur, la responsabilité aussi, ils se
contentent de leur condition d'assistés, pour ne s'occuper de rien. Comme leur
sort et leur destiné sont guidés par le Créateur, ils s'en remettent aussi au
patriarche, à l'imam, au guide, au chef, au leader, au président, au monarque,
au dictateur? pour résoudre tous leurs problèmes. Cette société subit le temps
qui passe loin d'elle, consomme et admire ce que produit l'Occident et feigne
de le détester. Si on lui demandait qu'a-t-elle fait depuis 1492, elle ne
saurait pas répondre. Parce qu'elle n'a rien fait depuis cette date, elle est
encore téléportée, dans les siècles « anté-vapeur », bien que cet Occident mécréant a vu passé
Newton, Einstein et Steve Jobs? Mais faut-il, aussi, dire, qu'individuellement
l'Arabe n'est pas moins intelligent, il n'est pas moins créatif que les autres,
cependant il ne peut pas éclater son talent et ses compétences et briller que
lorsqu'il est hors de sa société inhibitrice et étouffante, où il n y a pas de
place à la pensée, à l'opinion différente et à l'esprit critique.
Comme disait le poète Adonis : « Nous devons, nous détacher, complètement, du cadre de l'extinction, et envisager une autre identité, une nouvelle culture, une nouvelle société arabe ». Un vœu pieux ? Peut-être pas car le monde a, de tout temps, changé le cœur battant, de Babylone à Rome, puis de Rome à Bagdad, de Bagdad à Londres il est aujourd'hui à San Francisco, demain il sera à... Algéria la nouvelle capitale annoncée dans les livres saints. |
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