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Que va faire le «front du refus»

par Kharroubi Habib

L'assurance donnée par le chef de l'Etat que l'avant-projet de révision de la Constitution qu'il a avalisé ce lundi écoulé et va être incessamment soumis pour adoption au Parlement est «une proposition substantielle» qui marquera des progrès dans plusieurs domaines parmi lesquels le champ politique et celui de la gouvernance, ne va probablement pas faire changer d'avis les partis et personnalités politiques ayant pris position contre le principe même d'une révision constitutionnelle à l'initiative d'un pouvoir dont ils contestent la «légitimité» et ont déclaré qu'ils rejetteraient toutes les démarches qui en émaneraient.

C'est en tout cas la tonalité qu'ont eue les premières réactions venues de ce milieu à l'annonce de la validation de l'avant-projet de révision et de l'imminence de son examen par le Conseil constitutionnel d'abord et de sa présentation ensuite pour adoption au Parlement. Il reste à savoir si quand le contenu de l'avant-projet de Constitution sera rendu public et qu'il recélerait effectivement des «progrès» dont Bouteflika a fait état, ces partis et personnalités persisteront en bloc dans le «front du refus» à l'encontre du pouvoir et de ses initiatives ou vont s'éparpiller en des positions divergentes.

Il n'est pas impossible en effet que certains d'entre eux trouveront motif à invoquer le «pragmatisme» politique qu'il y aurait à ne pas rejeter dans le fond et dans la forme un avant-projet de révision qui recélerait véritablement les progrès annoncés concernant la consolidation de l'unité nationale, de l'identité et des valeurs spirituelles et civilisationnelles de la nation algérienne, la protection des droits et libertés des citoyens, le renforcement de l'indépendance de la justice, l'approfondissement de la séparation et de la complémentarité des pouvoirs et qui plus est constitutionnalisera «l'accès de l'opposition parlementaire aux moyens d'assumer un rôle plus actif et agissant» ainsi que la mise en place d'un mécanisme réellement indépendant de surveillance des élections au service de la démocratie plurielle.

C'est pourquoi il ne faut pas tirer de conclusion hâtive sur ce que va être la réponse de l'opposition à partir des déclarations à chaud de certains de ses membres suite au communiqué de la présidence rendu public lundi écoulé. L'on ne sera fixé sur celle-ci que lorsque les états-majors de cette opposition se seront concertés et auront confronté leurs points de vue respectifs. Dans le cas où ils conviendront de s'en tenir au rejet de la démarche du pouvoir, ses opposants devront impérativement ne pas se satisfaire de la réitération de leurs propres projets politiques, mais décliner ce qu'ils entendent entreprendre pour lui faire barrage.

L'appel au boycott du projet présidentiel que d'aucuns d'entre eux ont déjà formulé ne sera d'aucune incidence sur cette démarche du pouvoir en regard du rapport de force entre le camp des partisans de celle-ci et celui de l'opposition. Alors quoi initier qui ferait bouger les lignes dans ce rapport de force ? A ceux qui s'en tiendront au «front du refus et rejet» de le faire savoir à l'opinion publique et de la convaincre d'en soutenir les préconisations.