Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

SAÏDA: L'agriculture en devenir

par Tahar Diab

Spécifiée comme étant une région agropastorale, la wilaya dispose d'une superficie arable de 30.8206 ha dont les 2/3 appartiennent au secteur privé.

Des cultures de céréales, de l'élevage ovin en particulier et une lente émergence de l'arboriculture freinée cependant par la zone rouge et l'interdiction de forage pour la protection des nappes phréatiques. La troisième session de l'APW consacrée à la situation du secteur et ses perspectives prometteuses a soulevé de pertinentes interventions préoccupantes qui épousent tardivement la stratégie nationale de la sécurité alimentaire dont « la réussite repose fondamentalement sur la modernisation du secteur et surtout la planification de ses actions rentabilisées auxquelles doivent adhérer tous les fellahs avec l'accompagnement mobilisateur indispensable des cadres de l'agriculture, des élus et de l'administration qui doit cibler prioritairement ses objectifs », dira en substance le wali.

Dans l'intervention du directeur des services agricoles autour de la saison écoulée (2014-2015) les céréales ont difficilement atteint 709.421 quintaux sur une superficie emblavée de 91.739 ha d'où un rendement d'à peine 13 quintaux à l'hectare avec une régression de 50% par rapport à 2012-2013. Cette différence est imputée à la seule pluviométrie alors que d'autres paramètres négligés faussent l'analyse objective. Comparativement aux fruits et légumes avec 157.6636 quintaux, la pomme de terre n'arrive qu'à 541.398 quintaux, pour une consommation -à titre indicatif - de 300 mille habitants.

L'arboriculture fruitière fournit 925.950 quintaux, les oliveraies 97.090, les légumes secs 305.050 quintaux, 2384 pour les vignobles et enfin les fourrages seulement 103.674 quintaux qui ne peuvent couvrir un cheptel de 881.064 ovins, 66.420 chèvres et seulement 25.012 bovins.

Les 579 éleveurs des 3.720 vaches laitières ne fournissent aux 36 collecteurs que 9.988.969 litres pour les 2 laiteries, soit une moyenne de 27.367 litres par jour donc un rendement insignifiant de 7 litres par tête. En ces temps de vaches maigres que désosse déjà la crise financière, le salut est au dépassement de notre agriculture traditionnelle qui a prouvé ses limites pour la moderniser d'autant plus que la mécanisation demeure disponible localement, dira le DSA, bien que handicapée par l'absence de maintenance en ayant perdu l'ex-ONAMA. Néanmoins, l'espoir subsiste, rajoutent les intervenants, de revoir des silos de stockage des récoltes dans chaque commune ou tout au moins dans chaque daïra. Par ailleurs, le désenclavement indispensable des campagnes isolées demeure retardé par l'absence de décentralisation de l'entreprise régionale du génie rural dont les matériels d'intervention s'avèrent inconséquents en rapport avec un plan de charge de 1300 km d'ouvertures de pistes en souffrance depuis 2008. Le foncier agricole traîne dans la régularisation administrative et juridique des contentieux attendue de l'Office national des terres agricoles et continue de bloquer l'exploitation des parcelles en litige.

Par ailleurs, des centaines de dossiers déposés depuis plusieurs années attendent leur dénouement positif à l'égard de citoyens aspire à jouir des parcelles excédentaires pour pouvoir profiter au plus tôt des 2 seuls fonds de soutien encore inscrits. Au sujet de la protection des parcours steppiques, les élus dénoncent leur empiètements divers surtout les labours sauvages tout en interpellant les autorités communales à contrôler l'utilisation rationnelle des équipements fournis par le haut commissariat du développement de la steppe, tout en veillant au renflouement de leurs budgets par la location non négligeable des pâturages saisonniers. Au constat amer et parfois révoltant de l'abandon de quelques entreprises collectives agricoles et parfois même certains E.A.I, on a constaté en parallèle des encouragements instructifs à l'instar de la plantation d'arbres fruitiers de plus de 1200 ha, merveilleusement concrétisée, en pleine steppe, par un investisseur privé surnommé « le Californien » qui se déclare prêt, dira le wali, à accompagner techniquement ses riverains, de jeunes bénéficiaires de 1500 ha dans la commune de Sidi Ahmed qui constatent avec stupéfaction la naissance d'un micro-climat inimaginable en cette contrée. Devant cette réussite économique et écologique incontestée, Monsieur Djelloul Boukarabila invite de tels promoteurs à de telles réalisations révolutionnaires aux rives du Chott Chergui à implanter de véritables barrages verts productifs, limitant parallèlement l'avancée du désert.

Par ailleurs, le projet le plus ambitieux et qui traîne depuis les années 80 c'est le quatrième périmètre national d'irrigation de Dhayet Zraguet avec son extension jusqu'à 2500 ha dont la spécificité des sols n'est pas atteinte par la salinité des eaux du chott. Par ailleurs, dans l'objectif d'intensifier la céréaliculture, le wali sollicite la contribution stratégique de l'Institut national des ressources hydriques quant à la levée réfléchie de la « zone rouge » dont les forages planifiés seraient réservés exclusivement aux céréales et surtout à la production de semences pour combler le déficit constaté chaque année.

En conclusion, le plus intéressant à retenir pour le devenir de l'agriculture a été la déclaration pragmatique (d'orientation nationale ou locale) du chef de l'exécutif qui bouleverse le mode de gestion stérile actuel en optant, précisera-t-il avec insistance, à « planifier les actions nominatives dans le temps et les lieux conformément aux différentes potentialités pour mieux mesurer par étapes la progression palpable du développement ». Et c'est ainsi, ajoutera-t-il, que « contrairement à la lecture archaïque de différents rapports rébarbatifs, l'assistance fera à chaque occasion le bilan réel sur le terrain et évaluera objectivement la marche à suivre en y apportent en temps opportun les correctifs nécessaires pour atteindre les objectifs assignés à chaque opération ».

C'est cette feuille de route qui doit être établie par tous les intervenants avec l'implication effective des fellahs. Aussi, dans l'objectif d'élaborer sérieusement un « Programme intégré du développement rural, M. Djelloul Boukarabila a instruit son DSA aux préparatifs de ce projet pragmatique qui doit être soumis prochainement à l'exécutif interpelé au décollage économique de cette wilaya, maîtrisable à plus d'un titre et dont les potentialités encore inexploitées feraient jalouser plus d'une région démunie. Car, pour réussir le redressement, il faut se rappeler, dira le wali, que l'agriculture a existé bien avant le pétrole et qu'en face de la crise des prix des hydrocarbures c'est l'agriculture réfléchie qui relèvera le défi.