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Débats à l'APN : La loi de finances 2016 continue de diviser

par M. Aziza

Le Parti des travailleurs (PT) «est en guerre» contre la loi de finances 2016, soutenu dans sa démarche par d'autres partis de l'opposition, le FFS et l'Alliance Verte.

Même au FLN, des députés sont contre ce projet. Une députée de ce parti a qualifié le projet «d'un plan de capitalisme vulgaire sans foi, ni loi». Le RND, par contre, continue de défendre bec et ongles le projet de la LF2016, en s'autoproclamant «un parti responsable et objectif». Telles sont les différentes positions des parlementaires des partis politiques, exprimées hier, lors du troisième jour de débats sur le projet de loi finances 2016, présenté par le ministre des Finances, au parlement.

Le parti de Louiza Hanoune a dénoncé les manœuvres du ministre de l'Industrie, Abdeslam Bouchouarb, à vouloir introduire des lois relatives à l'investissement, dans la loi de finances 2016. Des lois qui devaient être introduites dans le projet de loi du code des investissements. A l'inverse, dans le projet de loi sur les investissements, il y a un article (l'article 12) sur les droits de douane et les taxes qui devait être inclus dans la loi de finances 2016, qui a été introduit dans le projet de loi du code des investissements. Pour Djelloul Djoudi, le chef du groupe parlementaire du PT, «c'est clair, c'est une manœuvre du ministre de l'Industrie qui veut faire passer, à travers la loi de finances, des lois sur les investissements».

Sur le volet social, le PT est catégorique. Il refuse carrément l'augmentation des taxes, que ce soit sur le gasoil ou sur l'électricité et l'eau. " On milite et on militera avec toutes nos forces pour que ces articles soient abrogés ", précise le parlementaire Djelloul Djoudi. Les élus du parti comptent faire barrage également à l'article 59 qui permet aux investisseurs privés de contracter un financement externe, avec les garanties du Trésor public.

Même son de cloche chez le plus vieux parti de l'opposition, le FFS, qui a manifesté son rejet de ce projet de loi en affirmant que cette loi de finances traduit «des décisions purement conjoncturelles». Le FFS a contesté énergiquement l'article 66 qui concerne la privatisation des EPE. Une députée du FLN, Zahra Abid, a estimé que cette loi favorise le capitalisme féroce, «une loi qui fait passer les investisseurs avant toute politique sociale. Alors qu'il fallait un peu d'imagination et de réflexions pour asseoir une économie étudiée sur des bases scientifiques pour ne pas léser davantage le petit travailleur, le fonctionnaire et les personnes nécessiteuses».

Elle accuse : «cette loi n'a pas été étudiée avec bonne foi dans le cadre du développement de l'économie nationale, plutôt, elle a été étudiée pour faire grossir les requins !». Elle a recommandé la récupération des devises transférées à l'étranger en faisant appel au droit international, de même la récupération de certaines structures à caractère économique qui ont été confisquées pendant la décennie noire, avec l'idée de les relancer.

D'autres députés ont proposé d'imposer une taxe sur la fortune, notamment pour les nouveaux riches, ainsi que le recours à la finance islamique pour bancariser l'argent de l'informel.

Le RND, pour sa part, a une toute autre position. "Cette loi de finances intervient dans une situation délicate, où nous avons perdu 50 % de nos ressources, on est obligé de revoir notre approche budgétaire, le manque à gagner doit être pris quelque part, l'Etat a choisi un segment qui fait le moins mal possible, celui des carburants", a expliqué Seddik Chihab en estimant que la LF 2016 a consacré des articles pour " l'encouragement des investissements, pour revitaliser notre économie". Et de poursuivre : "le citoyen doit comprendre qu'on ne peut pas maintenir ce niveau de solidarité nationale si on ne trouve pas d'autres ressources». Seddik Chihab a affirmé que son parti ne fait pas " dans le populisme et dans la démagogie, nous sommes un parti connu et reconnu pour son sens des responsabilités et sa culture de l'Etat». Il poursuit en précisant : «nous n'avons pas peur d'assumer aujourd'hui notre position, qui est aujourd'hui mal comprise ou faussement interprétée, mais, demain, tout le monde nous donnera raison». «Il y a des voix qui s'élèvent et qui font dans la surenchère, mais qui ne reflètent pas, à vrai dire, les orientations de la majorité présidentielle», conclut le même intervenant.