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Rien n'est jamais vraiment gratuit

par Ahmed Farrah

Les peuples suivistes et arrimés à la queue de la rame, tirée par la locomotive du monde mobile, assis sur des jambes croisées, les mains liées au ciel, l'esprit collé sous le nombril, le dos traînant dans le sillage du train qui mène vers leur domestication, ne réalisent pas, encore, qu'il est temps de quitter le wagon qui les met face au présent qui défile, sous leurs yeux, et qui devient vite, pour eux, un passé vide auquel ils s'accrochent, désespérément. Ils subissent le temps, le futur se fait sans eux et contre eux. Ils ont abdiqué leur sort pour des tuteurs qu'ils croient leurs protecteurs. Mais ceux-là, savent qu'en politique, il n'y a pas de convictions, il n'y a que des circonstances simulées, dans les laboratoires et mises en pratique, in-situ et in-vivo, pour tirer des profits et assujettir ces peuples émotifs, irrationnels et versatiles. Coincés entre l'aigle de la bannière étoilée et l'ursidé blanc de la banquise héritée des Romanov, ballottés entre l'Orient et l'Occident, incapables d'être eux-mêmes. Désarmés par l'ignorance et la cupidité qui leur colle aux os et qui circule dans leurs veines, ne sont pas près de s'entendre, de se liguer ou de ramasser leurs débris essaimés, aux quatre points cardinaux, par leurs divergences d'enfants gâtés, par la géologie mais oubliés du ciel qui ne pleut pas chez eux. Leurs certitudes disséminées dans l'histoire et antagoniques au présent, les divisent et les éclatent en entités affaiblies et faciles à phagocyter. Il n'est pas, dans l'intérêt de l'hémogénie des superpuissances, d'éclairer ces peuples obscurs et de les émanciper de leurs lests. Tacitement, ces maîtres du monde s'entendent à monopoliser les richesses des autres et les asservir à leur avantage. Ce qui se passe, aujourd'hui, au Moyen-Orient n'est qu'une suite logique de la protection des intérêts américains et des intérêts russes, dans la région, ignorant ceux de leurs supposés «amis». Chacun dame le pion à l'autre et il serait naïf de croire que les uns ou les autres s'engagent, dans ce conflit manu-militari, en bons samaritains, sauveurs des malheureux ou en père Noël portant des cadeaux, dans sa hotte. Comme le disait Charles de Gaulle, dans les relations internationales, il n'y a pas d'amis, seulement des intérêts. Déjà, en son temps, le traité hispano-portugais de Tordesillas (1494), avait divisé le monde entre ces deux ex-puissances navales et, est encore là, pour nous le rappeler.