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US ECONOMIQUES PRIMITIFS

par M. Abdou BENABBOU

Régulièrement les plus simples des observations nous indiquent avec insistance et nous confirment à répétition que l'économie et la culture sont inséparables. Nous sommes ainsi tous les jours interpellés par le désagréable déphasage entre une mentalité désaxée d'automobilistes bêtement fougueux au cœur d'une circulation où le modernisme et le manque d'une culture élémentaire ne se contentent pas de souligner une incivilité ancrée. Les dégâts provoqués jusqu'ici ne sont pas seulement le témoignage des pertes matérielles considérables, mais révèlent surtout une fastidieuse et pénible irrationalité cachée. Elle dénote qu'une économie d'un pays ne se suffit pas des élans vers le progrès s'ils ne sont pas bien étudiés. C'est dans des exemples faussement anodins que nous repérons les bons et les mauvais ressorts de la gestion du pays et ce sont ces ressorts qui enfantent le bonheur ou le malheur d'une société.

Le plus visible des exemples vient du tramway d'Oran et il faut espérer que ceux qui sont prévus à travers le pays ne soient pas seulement de grands outils initiés pour parer au plus urgent. La démarche en dents de scie dans la gestion des transports s'était avérée inopérante avec l'option du minibus qui a fait des villes de véritables cirques et arènes à ciel ouvert.

L'arrivée du tramway a eu des effets bénéfiques indéniables. Il serait ridicule de faire la fine bouche sur un nouveau rite auquel la population devra s'adapter. Il est par contre des us économiques primitifs forgés par l'inculture qui démontrent sans cesse que faire face à la prépondérance et à la rigueur financière de plus en plus en exercice dans le monde n'est pas évident.

Des garde-fous humains avaient été installés provisoirement à chaque carrefour et rond-point pour stopper les automobilistes en majorité toujours pressés. Puis ils ont disparu, donnant libre cours à des risques de télescopages assurés que provoqueraient des incultes qui n'ont comme valeur humaine que l'infantile impatience à étaler. Puis on s'en est allé construire à proximité des arrêts des maisonnettes pour vendre des billets tout en veillant à fixer des distributeurs automatiques que les transportés boudent allégrement. On imagine le coût financier de l'ensemble de ce charivari. Peu importe si la gestion de ces distorsions est l'affaire d'une entreprise privée. Affecté, le prix du billet, lui, reposera sur le dos de tous.

Des exemples du genre sont pléthore démontrant que l'émancipation sociale est d'abord culture et savoir. Que l'économie n'est pas une plate comptabilité mais au départ une finesse de l'esprit.

Pour le tramway, il aurait peut-être suffi, comme cela s'est fait dans toutes les villes d'Asie, de le suspendre dans le ciel des avenues. Il aurait certainement coûté moins cher en tracasseries et il aurait peut-être concilié culture et économie.