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Négociations inter libyennes Incertitudes sur l'ultime round

par Kharroubi Habib

Vendredi dernier, Bernardino Léon, l'émissaire des Nations unies pour la Libye, a estimé qu'il y a une réelle chance que les négociations en cours sous sa présidence entre les parties du conflit libyen débouchent dans les prochains jours sur un accord en vue de la formation d'un gouvernement d'union nationale. Il avait toutefois prévenu qu'il restait beaucoup à faire pour atteindre cet objectif et que «le dernier kilomètre» des négociations est le plus dur. Ce qui se vérifie au constat qu'il n'est pas certain que le Congrès général national (CGN), parlement siégeant à Tripoli non reconnu par la communauté internationale mais partie prenante aux négociations de paix en cours, accepte de participer aux prochains rounds de celles-ci. Ce qui aurait pour conséquence d'éloigner la perspective envisagée par Bernandino Léon. Les conditions que le CGN pose à sa participation à la réunion prévue à Skirat au Maroc ne sont pas en effet celles qu'admettront les autres protagonistes. Le parlement libyen n'exige pas moins que soit respecté le jugement de la cour suprême basée à Tripoli sous son contrôle, ayant invalidé l'existence même de l'autre parlement établi à Tobrouk et reconnu par la communauté internationale et l'exclusion des «putschistes» -dénomination donnée par le CGN aux troupes loyalistes au parlement de Tobrouk commandées par le général Khalifa Haftar. L'on se demande comment Bernardino Léon pourrait convaincre l'autre parlement et le forces qui le soutiennent de continuer à négocier sous ses conditions avec le CGN. Il apparaît que le CGN a en réalité anticipé le refus de ses exigences, en faisant savoir que sa décision «d'aller ou pas» au Maroc dépendra de la réponse de Bernardino Léon et que, dans le même temps, son président Nouri Abousahmein s'en est durement pris à ce dernier pour avoir rencontré à l'insu de l'institution qu'il préside ceux qu'elle qualifie de «putschistes» dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU. Il est allée même jusqu'à accuser l'émissaire de son organisation de vouloir «briser les rangs des Libyens». Des exigences et une accusation qui ne sont pas faites pour entretenir la lueur d'espoir allumée par Bernardino Léon en estimant qu'un accord de paix pour la Libye était raisonnablement envisageable à court terme. L'Algérie, le Niger et le Tchad parfaitement renseignés sur les calculs et les intentions des parties en conflit en Libye ont à l'évidence pris pour ce qu'elle est la déclaration optimiste de l'émissaire onusien, à savoir qu'elle a été prématurée, voire même illusoire. D'où la tripartite qui les a réunis dimanche à Alger à l'issue de laquelle les trois pays voisins de Libye ont exhorté les parties libyennes à s'entendre en «urgence» sur une solution politique à la crise de leur pays. En leur donnant à comprendre que si elles n'aboutissent pas plus vite à un accord, elle favoriseraient l'implantation durable de terroristes affiliés à différentes organisations criminelles dont les agendas et les projets politiques excluent un quelconque rôle ou autorité pour les factions libyennes qu'elle soient fidèles au parlement de Tobrouk ou à celui siégeant à Tripoli. Et assurément, le jeu auquel s'adonnent ses faction favorise la prise de contrôle de pans de plus en plus larges du territoire libyens par les affidés de ces organisations criminelles en même temps que leur emprise sur leur populations révoltées et frustrées par ce que sont devenus les «thouars» qui ont contribué à la chute de Khaddafi et de son régime.