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Sellal : la loi contre Mezrag

par Moncef Wafi

Abdelmalek Sellal a, solennellement, affirmé, hier, que les personnes impliquées dans la tragédie nationale, faisant référence aux anciens du FIS, de l'AIS et des groupes armés, ne créeront pas de partis politiques. En marge de l'ouverture de la session d'automne du Conseil de la Nation, le Premier ministre a tenu à rappeler les articles 26 de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale et 5 de la loi organique relative aux partis politiques pour appuyer ses dires.

Pour rappel, l'article 26 stipule que «l'exercice de l'activité politique est interdit, sous quelle que forme que ce soit, pour toute personne responsable de l'instrumentalisation de la religion, ayant conduit à la tragédie nationale. L'exercice de l'activité politique est, également, interdit à quiconque ayant participé à des actions terroristes». L'article 5, quant à lui, prévoit qu'il «est interdit à toute personne responsable de l'instrumentalisation de la religion, ayant conduit à la tragédie nationale de fonder un parti politique, de prendre part à sa fondation ou de faire partie de ses organes dirigeants». La mise au point du Premier ministre intervient après celle de son ministre de l'Intérieur Nourredine Bedoui, après l'annonce du premier responsable de l'AIS, Madani Mezrag, de son intention de créer un parti politique. La volonté orale de l'ex-?émir' national du bras armé du FIS avait été médiatisée, à outrance, faisant réagir personnalités politiques et réseaux sociaux. L'intervention de Sellal devra, néanmoins, mettre un frein à cette frénésie médiatique qui n'avait pas lieu d'être puisque la loi est claire. Un non-événement créé par un ballon d'essai, lancé par Mezrag et repris en boucle par des médias en mal de sensationnalisme. Sellal, à cette occasion, s'est montré catégorique, en affirmant qu'il ne sera permis à personne «de rééditer la crise que le peuple algérien, a vécue dans les années 90», rappelant les devoirs et obligations des uns et des autres, imposés par cette charte. Il parlera de ceux «qui évoquent un possible retour de certains partis politiques dissous» et les «obligations auxquelles certains veulent se dérober, aujourd'hui». Pour lui, il est hors de question d'enclencher une quelconque marche en arrière, soulignant que l'Algérie «poursuivra son processus de réconciliation nationale et la lutte antiterroriste par la force de la loi jusqu'à ce que ce dossier soit définitivement clos».

Par ailleurs, et devant la presse, le Premier ministre a, de nouveau, évoqué la crise économique induite par la chute brutale des cours du pétrole. Une sortie de crise qui doit, impérativement, passer par une émancipation d'une économie basée sur les hydrocarbures, à travers une orientation «vers l'économie du développement, créatrice de richesses». Il a indiqué que le gouvernement avait entamé la mise en œuvre d'un plan économique, au titre de la Loi de finances complémentaire (LFC-2015) pour, notamment, faciliter les investissements nationaux. Le Premier ministre a également écarté l'éventualité de recourir à l'austérité «qui nourrit le sentiment de désespoir», ajoutant que «le gouvernement poursuivra ses efforts pour la baisse des dépenses, au titre du budget de fonctionnement pour 2016 ; tout en réduisant le volume de certains investissements publics.».

Enfin, Sellal a réaffirmé que le projet de révision constitutionnelle était «pratiquement prêt». «Le projet de révision constitutionnelle est, pratiquement, prêt, et il appartient au président de la République de le soumettre à référendum populaire ou au Parlement».

Pour rappel, la présidence de la République a engagé, en 2014, une série de consultations en vue d'un «amendement consensuel» du texte fondamental.