L'Algérie avait à
cœur de prouver sa capacité à organiser un grand événement sportif régional
surtout après l'affront qui lui a été fait par la Confédération de Hayatou en
désignant le Gabon comme pays organisateur de la CAN 2017.
C'est dire
l'attente des responsables locaux et nationaux du vote du Comité international
des jeux méditerranéens (CIJM) qui s'est réuni ce jeudi à Pescara (Italie) pour
désigner qui des deux villes, Oran ou Sfax, abriteront la 19ème édition de ces
joutes sportives prévues en 2021. En optant pour la capitale de l'ouest
algérien avec 51 voix contre 17 pour la ville de l'est tunisien, le CIJM a
permis à deux années de travail de coulisses, de contacts et de proximité
d'aboutir. Il faut dire qu'à travers Oran, c'est toute l'Algérie qui sera
représentée, renouant avec les grandes manifestations régionales. Décidant d'en
faire un objectif primordial, les autorités nationales et locales ont déployé
des trésors d'efforts, faisant intervenir la machine diplomatique pour
organiser cet événement sportif. Ainsi, 40 ans après Alger, Oran abritera cette
19e édition qui aura lieu dans six ans. Le compte à rebours est d'ores et déjà
lancé, faisant obligation à la ville d'être prête le jour J. La nouvelle a été
reçue avec satisfaction et fierté par les Oranais, de souche ou d'adoption, qui
ont inondé les réseaux sociaux de messages de félicitation. Mais pour la
plupart des locaux, les priorités sont ailleurs. Si la rue n'a montré aucune
effusion de joie, le sentiment du devoir accompli est celui qui prévaut parmi
tous les gens qui ont contribué de près ou de loin à porter cette candidature à
bout de bras. Outre les chantiers lancés pour la circonstance, un travail de
sensibilisation a été entrepris auprès même des représentants de la presse
locale et nationale pour soutenir cette candidature ou du moins ne pas «tirer»
sur Oran. Pour Mohamed Affane, promoteur touristique, cette désignation «est
une bonne chose pour Oran». Il rappelle qu'il a été, ce jeudi, au téléphone à
partir de midi avec la délégation algérienne présente à Pescara pour avoir les
nouvelles jusqu'à 15h30 où le résultat du vote a été rendu public. «On a
souffert de la mauvaise image du pays à cause du terrorisme et maintenant on va
parler de sport dans une ville qui subit les assauts de la drogue et la
jeunesse méditerranéenne pourra découvrir l'Algérie». Il mettra en avant les
projets de relance tous azimuts et dira que ces JM devront pousser les
autorités à redoubler d'efforts et à finir les chantiers déjà lancés. Il
évoquera tour à tour les infrastructures d'accueil de la ville, son
embellissement ainsi que la relance du tourisme local et national. Pour le
professeur Aboubakr Abdou, chef de service de médecine légale à l'EHU
1er-Novembre, l'événement prendra toute son importance si la relance locale est
généralisée. «Au-delà de l'aspect purement sportif, c'est une bonne opportunité
pour la ville, mais ce n'est pas vraiment une priorité». Le professeur, qui
estime qu'«il reste beaucoup à faire pour la ville», entend par priorités, la
sécurité routière, la relance économique du pays et nombre de dossiers
importants, mais partage avec tous les autres ce sentiment de satisfaction
«pour peu que ce ne soit pas fait uniquement pour le prestige et si tout Oran
aura à gagner de cet événement». L'organisation des JM 2021 a également fait
réagir Mohamed El Morro, le PDG de la SSPA/ASMO qui nous dira avoir envoyé des
messages de félicitations aux responsables de la ville d'Oran qui ont joué un
grand rôle dans la préparation du dossier de candidature ainsi qu'à Mustapha
Berraf, le boss de l'olympisme algérien, qui a abattu un travail titanesque
pour faire aboutir le dossier algérien. «Les retombées pour la ville sont
évidentes ainsi que pour tout le pays tant au niveau sportif que social et
économique», affirmera-t-il, précisant que cette opportunité relancera
l'économie locale, le tourisme et contribuera à la création d'emplois directs
et indirects. Pour S.Fella, une professionnelle de l'hôtellerie, les JM
relanceront le pays ainsi que son tourisme, se disant confiante quant aux capacités
d'accueil que peut offrir la deuxième ville d'Algérie. «On ne va pas prendre le
risque sinon», expliquera-t-elle en énumérant les grands hôtels existants ou à
venir de la ville. «On sera prêts», confessera-t-elle. Pourtant, au milieu de
ces satisfecit, subsistent des doutes sur les capacités réelles de la ville et
de l'engagement de sa population. Si tout le monde converge vers la réussite de
ces JM, des interrogations subsistent à propos notamment de l'état des
infrastructures d'accueil, du réseau routier souvent paralysé au moindre
événement sportif qu'abrite la ville, même mineur, et à son transport
archaïque. «Oran aura tout à gagner pour peu que les autorités locales soient à
la hauteur de l'événement», dira Salim, chauffeur dans une entreprise privée.
«Il n'y a qu'à voir le jour où le tour d'Algérie de vélo est passé par Oran
pour comprendre. La ville s'est retrouvée bloquée pendant des heures. Alors que
dire des jeux qui vont durer 15 jours !» se désole-t-il.