Les
habitudes ont la vie dure, résistent et ont du mal à disparaître. Le système
des démocraties centrales a produit des tuteurs de peuples qui pensent,
projettent et décident pour eux. Ils sont «magnanimes», sans demander leur
avis, ils leur imposent du «bonheur» forcé, comme ils le conçoivent, pour les
minorer et les asservir, pas le vrai, le libérateur celui que veulent ces
peuples infantilisés et soumis à leur protectorat. Quand ils parlent, ils ont
raison, ils sont infaillibles et ne se trompent jamais. Il faut les écouter
avec attention, acquiescer et leur montrer qu'on est subjugué par leur
éloquence, avec des gestes et le regard et surtout leur ponctuer le discours
avec des ovations et des youyous et des hourras et des ? Souvent leur discours
n'est que langue de bois pour travestir et détourner la réalité avec des mots
creux et insensés que personne ne comprend; ils dissimulent leur incompétence
en recourant à des banalités abstraites, prétentieuses, empathiques,
sentimentales, flatteuses et passionnelles afin d'éviter d'aborder les faits et
le fond des sujets qui les embarrassent. Quoiqu'ils excellent dans le populisme
démagogique en ciblant et en s'opposant aux élites, ils n'arrivent pas toujours
à mener et à manipuler le petit peuple afin de s'attirer ses faveurs. Ils ne
comprennent pas que le retour du signal n'est que le reflet de ce qu'ils
émettent à leur cible. Ils ne savent pas qu'ils sont responsables de leur
communication et de sa perception par les autres. Dans le monde
particulièrement sensible aux médias, une mauvaise communication peut faire
tellement de ravages qu'il est important de la laisser à des spécialistes qui
ont reçu une formation de journalisme, de communication et de relations
publiques. La récente descente aux enfers de Madame Benghebrit en est l'exemple
le plus édifiant, quand la communication politique est laissée à des
technocrates pédagogues, ne faisant pas dans la langue de bois, aussi sincères
qu'ils soient ! Mais qui se croient naïvement dans un amphithéâtre devant leurs
étudiants, où la communication est souvent verticale entre un émetteur et un
récepteur perdu dans ses notes. Communiquer n'est pas forcément convaincre tout
le monde, mais émettre le point de vue de la partie qui désire le faire savoir
aux autres, en prenant le soin de maximiser l'impact et de ne pas dissoudre
l'essentiel dans une profusion d'informations que seuls les initiés peuvent
connaître les tenants et les aboutissants de leur sens, et que les profanes
lobotomisés et les citoyens lambda déforment et les rendent vraies sur les
réseaux sociaux pour, enfin, les descendre en vrac. Il existe pour cela des
structures appropriées pour débattre, convaincre et décider dans la sérénité et
en toute souveraineté, avec l'accord de la représentation élue. Ne mélangeons
pas les choses ! A quand donnons-nous à la communication la vraie place qu'elle
lui échoit ? A quand cessons-nous le bricolage, source du mal des mots
destructeurs ? En tout cas, la venue des réseaux sociaux et leur expansion
sonnera certainement le glas, très prochainement, des monopoles des sources et
de la forme de la «communication» d'aujourd'hui.