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Procès de l'autoroute Est-Ouest : Des avocats accusent

par M. Aziza

La plaidoirie de la défense s'est poursuivie hier au huitième jour du procès de l'autoroute Est-ouest. Le troisième avocat de Chani Medjdoub, le principal accusé dans cette affaire, Maître Amine Sidhoum, a dénoncé «la torture» dont a fait l'objet son client au cours de sa garde à vue. Et d'affirmer que Chani a été arrêté pour une affaire «montée de toutes pièces» dans les laboratoires des services secrets. Il affirme que ce dossier est basé sur des «règlements de compte entre les hautes sphères, car il y a des intérêts dans les hautes sphères». Il a appelé à ce que le citoyen algérien et les cadres algériens soient épargnés par ces règlements de compte. Il a demandé devant le juge instructeur d'annuler les poursuites contre son client par le fait qu'il a été torturé par la police judiciaire. Et de s'interroger : pourquoi le parquet n'avait-il pas ordonné l'ouverture d'une enquête sur les dépassements dénoncés par les accusés et par leurs avocats ? Il va plus loin en invitant le procureur général à visiter les locaux du DRS en lui rappelant son statut de directeur de la police judiciaire. Il défie le procureur en précisant : «Si j'étais à sa place, j'ouvrirai une enquête et si ces accusations s'avèrent fausses, je poursuivrai ceux qui les ont avancées». Me Sidhoum s'est arrêté lors de sa plaidoirie sur les déclarations qualifiées de «bizarroïdes» émanant de l'ex-directeur des nouveaux projets de l'ANA, Mohamed Khelladi. Celui qui s'autoproclame «l'exploseur de cette affaire», dira l'avocat, «s'est exposé par la suite en indiquant qu'il est passé du statut de dénonciateur à celui de témoin avant d'être accusé». Commentant les déclarations «contradictoires» de Khelladi, l'avocat a affirmé que celles-ci ne tiennent pas la route. «Il a affirmé qu'il œuvre pour l'intérêt du pays, mais pourquoi est-il parti en voyage avec sa famille à Pékin ? Il affirme qu'il est parti pour enquêter. Pourquoi quand on veut faire une enquête, on prend notre famille avec nous ?», s'est-il interrogé. Et de préciser qu'il y a absence de clarté dans ses propos. Il est complément irraisonnable, a-t-il souligné, que «Khelladi a avancé qu'il a confronté Chani auprès du général Djebbar Mehenaa, alors que ce dernier était à Blida». Il poursuit : «Peut-être il voulait dire le général Hassan qui, lui, était à Alger». Pour Sidhoum, Mohamed Khelladi disait n'importe quoi. «La preuve, pas plus tard qu'hier, le général major à la retraite, Ghodbane Chabane, avait adressé une mise au point à l'encontre de l'ex-lieutenant-colonel Mohamed Khelladi, à travers les colonnes du journal El Watan. Et c'était par rapport à ses déclarations avançant que le général Ghodbane l'a appelé pour lui demander d'aller confronter Chani». Le général major à la retraite, Ghodbane Chabane, a apporté un démenti formel sur tout ce qu'a avancé Khelladi. L'avocat a estimé que «le juge d'instruction aurait pu demander en urgence une expertise psychiatrique approfondie de cette personne, vu les incohérences de ses déclarations». «Trouvez-vous normal qu'une personne sourit quand elle apprend que le procureur a requis contre elle 20 ans de prison ferme, monsieur le juge ?»

Enfin, Amine Sidhoum a relevé plusieurs remarques par rapport au dossier. Il a évoqué l'absence d'expertise financière technique capable de relever avec précisons les infractions. Il a évoqué, en outre, l'absence du montant exact du préjudice sur le projet lui-même et sur le Trésor public. Et de s'interroger : «Pourquoi vous assemblez deux dossiers, celui de l'autoroute Est-Ouest et celui du transport dans une seule affaire ? Et pourquoi n'avez-vous pas auditionné l'ex-ministre des Transports, comme ce fut le cas pour Amar Ghoul ?». Il a indiqué, en outre, que son client a été accusé d'avoir constitué une association de malfaiteurs avec des Chinois et d'autres étrangers, mais sans précisons aucune. «Mais qui sont ces Chinois et qui sont ces étrangers ?»

L'AVOCAT DE KHELLADI RECLAME UNE AUDIENCE AUPRES DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

L'avocat de Mohamed Khelladi, l'ex-directeur des nouveaux projets à l'ANA, Me Abassi, a affirmé devant le juge que certains veulent faire croire que Khelladi veut bloquer le projet phare du président de la République. En prenant le soin de défendre les bonnes intentions de son client et de la police judiciaire en tant qu'institution, il a affirmé qu'il va demander d'être reçu par le président de la République pour lui demander «l'ouverture d'une enquête approfondie». Pour Maître Abassi, certaines parties veulent faire taire Mohamed Khelladi. «Sinon, comment expliquer le fait que l'exploseur de l'affaire soit en prison ?» Et d'affirmer que certaines parties n'ont pas voulu voir Khelladi en dehors de la prison pour qu'il n'arrive pas à dévoiler les malversations et les magouilles des uns et des autres. Me Abassi a critiqué l'attitude de l'avocat de la défense de Chani, en l'occurrence Sidhoum, qui a voulu défendre son client en touchant à la dignité d'un autre accusé. «Il y a une déontologie qu'il faut respecter. Comment recommande-t-il une expertise psychiatrique et comment peut-il surnommer Khelladi l'agent 007 ?»

Le verdict était attendu tard dans la soirée d'hier.