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Profil avenir

par El-Guellil

Bekri, tout était clair, safi. Le rôle de l'école était de transmettre le savoir. On ne discutait pas le principe. On était d'autant plus homme, d'autant plus responsable qu'on était plus instruit, plus cultivé, plus éduqué.

Le moualim était exemplaire au point où on le respectait autant, sinon plus que ses parents.

Cette vérité était, aussi, un tracteur. Elle poussait les parents à booster leurs enfants pour qu'ils fassent de bonnes études. El koulij, el msid, était le juge de paix de la promotion sociale. Chemin de beaucoup de possibles, el madrassa n'était pas le chemin de la facilité.

El youm yal khaoua, il ne viendrait à l'idée de personne de respecter, assez, les jeunes pour leur dire, d'une voix forte, que s'ils ne travaillent pas à l'école, ils vont droit vers l'exclusion et le chômage. Car le gosse a, devant lui, ses aînés qui ont fait de brillantes études et qui sont au chômage.        

Le koulij est devenu le meilleur endroit pour faire mûrir l'amertume d'être inutile. C'est parce que nos msaghers ont le sentiment que rien n'a de sens.

C'est que, de mon temps, on commençait sa vie d'adulte en demandant : «Quelle activité puis-je exercer ?». El youm, la phrase-clef est : «A quel droit puis-je prétendre ?».

 - «Tu sais le voisin, il a fait un dossier Ansej, on lui a donné des millions pour un dossier bidon, il a empoché l'argent, avec la complicité du fournisseur, actuellement, il se la coule douce fi sbagna. D'ici à ce qu'il soit recherché, il aura changé de nationalité, ya hasrah?».

Pour les moins aventuriers : «Il a fait des pieds et des mains pour devenir diouani, grâce à des connaissances. Il n'a, pourtant, pas le bagage nécessaire. Il est, actuellement, affecté à un poste frontalier où les affaires coulent à flots? (le pays). Il va travailler un an, deuzans, adieu el miziria».