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La fourrière de tous les soucis

par Abdelkrim Zerzouri

Surnommé avec ironie «hôtel de luxe pour véhicules» en raison de l'importante charge financière qu'on fait supporter aux automobilistes dont les voitures sont immobilisées à la fourrière municipale, à partir de 500 dinars par nuit pour les poids légers, ce lieu est devenu synonyme de tous les dangers.

Pour le personnel en activité, particulièrement les agents de prévention et de sécurité, l'endroit mène tout droit au tribunal. « La situation est catastrophique sur tous les plans », soulignent des travailleurs. A commencer par cette clôture, « qu'un enfant de 10 ans peut enjamber sans difficultés », chose qui laisse la fourrière ouverte à tous les méfaits et met en péril les biens privés des automobilistes sanctionnés par des PV d'immobilisation de leurs véhicules. Les vols de pièces mécaniques importantes, arrachées des véhicules immobilisés à la fourrière sont légion. « Quand on récupère le véhicule, après une semaine ou une quinzaine de jours d'immobilisation à la fourrière, il faut toujours s'attendre aux mauvaises surprises », préviennent nos interlocuteurs. Ces derniers rappellent dans ce sillage le récent scandale qui a secoué la fourrière lorsqu'un automobiliste, venu reprendre son véhicule, n'a retrouvé que le cadre ! L'affaire est devant le tribunal, et il y a toujours des agents de la fourrière qui se trouvent, à leurs corps défendant, à la barre des accusés. D'où la tentation de démissionner pour beaucoup d'entre eux, ou de sonder d'éventuelles mutations vers des services plus cléments. «Trop de risques pèsent sur leurs têtes», disent-il. Citant dans ce cadre, en sus d'une place pré réservée dans le box des accusés, une exposition sans aucune couverture aux agressions des malfaiteurs et le danger véhiculé par les chiens errants dans les nuits sombres, à cause d'un éclairage public souvent défaillant. D'où l'exigence, estiment nos interlocuteurs, «de renforcer le personnel de prévention et sécurité, actuellement insuffisant, et le doter d'un équipement adéquat». Aussi, on préconise «l'installation d'un poste de police, l'installation de caméras de surveillance et le lancement du chantier de réhabilitation de la fourrière, envisagé depuis le mois d'avril dernier mais demeuré lettre morte».

Un appel de détresse a été lancé dans ce sens aux autorités de la municipalité pour agir avec efficacité et rapidité afin de protéger les travailleurs et préserver les biens d'autrui, les véhicules immobilisés sur les lieux, de tout acte de dégradation. Contacté à propos de cette situation désastreuse, la direction du patrimoine affirme que les responsables sont conscients des problèmes soulevés, et l'on se prépare à lancer un vaste plan d'aménagement pour améliorer l'environnement de la fourrière.

Un plan qui a nécessité le dégagement d'une importante enveloppe financière, 8 milliards de centimes dans un premier temps. Mais, pour ce faire, a-t-on relevé, il faut impérativement évacuer la fourrière de tous les véhicules qui s'y trouvent immobilisés, notamment ceux mis sous l'autorité judiciaire.