L'entrée en vigueur des dispositions du décret présidentiel n°14-370 du 23 décembre 2014 portant dispense des citoyens assujettis aux obligations du service national âgés de plus 30 ans était très attendue par les jeunes.

A Oran, comme ailleurs, dès les premières heures de la matinée, des centaines de jeunes ont commencé à affluer au centre du service national de la deuxième région militaire situé au centre-ville. Une foule compacte, composée essentiellement de jeunes hommes et dont certains étaient accompagnés de leurs parents, a pris d'assaut le centre du service national de la deuxième région militaire. Une chaîne humaine s'est formée rapidement devant la petite porte de ce centre. Les militaires, postés en sentinelle, étaient quasiment débordés. Ils trouvaient tout le mal du monde à contenir les jeunes excités à l'idée d'obtenir leur dispense.

Le jeune soldat posté devant la petite porte réussissait tant bien que mal à maîtriser ses nerfs. Il ne cesse d'expliquer à qui voulait l'entendre que seules les personnes nées en 1982 pouvaient (dans cette première étape) déposer leurs dossiers pour bénéficier de la dispense. Mais c'est peine perdue, continuellement, des jeunes nés en 1984 et 1983 escaladent les glissières en béton dans l'espoir d'accéder à l'intérieur du centre. Devant l'insistance pour ne pas dire l'obstination de certains individus, le jeune soldat se résigne souvent à les laisser entrer. Il n'y avait pas que des jeunes aux abords de ce centre, de nombreux parents s'agglutinaient devant la porte pour déposer les dossiers de leurs enfants. Une vieille dame apostrophe le jeune soldat : «Mon fils est insoumis. Il a 24 ans mais il refuse de faire son service national. Je vous en prie, envoyez les gendarmes pour l'incorporer de force. Je n'en peux plus avec ce vaurien qui finira en prison». Le soldat répond gentiment : «Votre fils doit se présenter en personne pour retirer son ordre d'appel». La vieille dame est rapidement entourée par des parents venus accompagner leurs enfants. La discussion s'anime. Certains parents regrettent le temps où la police militaire traquait les insoumis dans les rues de la ville. Le service national était pour certains parents la solution idéale pour occuper au moins durant deux ans certains enfants difficiles. Autres temps, autres mœurs. «Il y a une vingtaine d'années, c'était presque inimaginable. La dispense est accordée aujourd'hui même aux insoumis. Regardez tout autour de vous ces jeunes avec leurs pantalons tailles basses? et leurs tenues et coiffures fantaisistes. Ils ne peuvent même pas faire la chaîne. Nombreux viennent avec leurs parents. On se croirait en maternelle. Certains de ces jeunes ne respectent rien ni personne», raconte cet homme qui estime qu'un peu de discipline militaire ne fera de mal à personne. D'autres nostalgiques soutiennent que le service militaire permettait jadis à de nombreux jeunes de découvrir des régions du pays et essentiellement dans le Sud qu'ils ne pouvaient jamais visiter. Ils affirment que le service militaire participait ainsi à raffermir les liens entre les différentes régions du pays.

A quelques mètres de la petite porte du centre, un vieil homme fait le pied de grue. Il espère retirer un ordre d'appel pour son fils âgé de 25 ans. «J'ai réussi à avoir une promesse de personnes influentes pour recruter mon fils en tant que travailleur permanent, mais elles exigent la carte militaire pour sa titularisation. Je viens régulièrement au centre pour obtenir l'ordre d'appel pour mon fils, mais son dossier est à chaque fois reporté sans aucune explication», regrette ce vieil homme. Malheureusement pour ce vieil homme, avec les dernières coupes budgétaires, son rêve de voir un jour son fils décrocher un poste permanent dans la fonction publique devra encore attendre. Il est à rappeler que le MDN a fixé un calendrier de passage pour la réception des dossiers des jeunes âgés de plus de 30 ans qui veulent bénéficier de la dispense. Les citoyens nés entre le 1er janvier et le 30 avril 1982 doivent déposer leurs dossiers du 4 au 8 janvier 2015, alors que ceux nés entre le 1er mai et le 31 août 1982 seront appelés à se rapprocher des centres du service national du 11 au 15 janvier 2015. D'autres suivront selon le calendrier établi par le MDN.