La science pourrait-elle, encore une fois, être mise à mal par des observateurs qui affirmeraient le contraire de ce qu'elle préconise de manière rigoureuse, en l'occurrence la date et le temps de visibilité du croissant lunaire à la vielle du premier jour du Ramadhan ?

Probable, car le Comité des croissants lunaires du ministère des Affaires religieuses se réfère exclusivement, les yeux fermés, aux seuls témoignages des observateurs. Ailleurs, la coutume a évolué, en faisant joindre les avis scientifiques ou les données astronomiques aux témoignages, ces derniers seront confrontés à la thèse des calculs astronomiques, bien sûr, pour une plus grande certitude à propos de la visibilité du croissant lunaire. L'association Sirius d'astronomie, qui a rendu public hier un communiqué à ce sujet, tient à informer le public sur les données astronomiques relatives à la nouvelle lune du mois de Ramadhan 1434 qui détermine le début du mois du jeûne, mais sans manquer de préciser emphatiquement que seul le Comité des croissants lunaires du ministère des Affaires religieuses est habilité à émettre la fetwa sur la date effective du début du Ramadhan. Histoire de ne pas trop heurter les susceptibilités. Car le communiqué ne manquera pas de souligner, et d'une manière qui ne prête guère à équivoque, que le premier jour du Ramadhan sera le dimanche prochain. «Quiconque osera prétendre que le croissant pourra être vu d'un quelconque pays du monde musulman le vendredi 27 juin devra expliquer pourquoi ses ?prédictions' sont en porte-à-faux avec la communauté astronomique mondiale», relèvent les termes du communiqué en question. Les données astronomiques certifient que la nuit du 29 du mois de Chaabane ou «Nuit du Doute» étant le vendredi 27 juin 2014, le croissant du mois lunaire correspondant au mois de Ramadhan 1435 sera impossible à observer sur tout le territoire national tant à l'œil nu qu'avec des instruments optiques vu que la Lune se couchera avant le Soleil (4mn avant et 1°1/2 en dessous de l'horizon à Alger), et quasiment avec le Soleil pour les wilayas du Sud. Il découle, indique encore le communiqué, de l'impossibilité de l'observation du croissant lunaire, et que le 1er jour du Ramadhan ne pourra donc être le samedi 28 juin mais bien le dimanche 29 juin. Notons que même dans d'autres pays tels que ceux d'Afrique australe pour lesquels la Lune se couche après le coucher du Soleil, l'observation est impossible à l'œil nu quoique possible au télescope à l'ouest de d'Amérique du Sud.

«Toute prétention d'avoir vu le croissant d'Algérie ou du monde arabe ce jour-là ne pourra qu'être rejetée par la science», rappelle l'association Sirius, qui relève qu'il s'agit là d'un point de vue unanime de la communauté astronomique mondiale, dont l'ICOP (Islamic Crescents' Observation Project), l'Institut national des recherches astronomiques et géophysiques du Caire, l'IMCCE (ex-Bureau des longitudes) à Paris, le South African Astronomical Observatory (SAAO) d'Afrique du Sud, l'US Naval Observatory (Virginia, USA). Cependant, indique le communiqué de l'association Sirius, le Ramadhan peut débuter le samedi pour les pays qui n'exigent pas l'observation visuelle du croissant mais se contentent de l'occurrence de la conjonction avant le coucher du Soleil et la présence théorique du croissant au-dessus de l'horizon ne serait-ce qu'éphémère lors du coucher du Soleil, à l'instar de ce qui se pratique à la Turquie, les Balkans et des communautés musulmanes d'Europe et des Etats-Unis. Aussi, faut-il le relever, le Ramadhan peut coïncider avec le samedi dans le cas où une observation visuelle erronée serait validée dans un pays arabe, et notamment l'Arabie Saoudite qui s'est distinguée dans le passé avec ses «Chaouafa» qui voient quand bien même la Lune se trouve sous l'horizon, et qui par ricochet sera adoptée cette observation incorrecte par les autres pays arabes. Le débat tardif autour de l'observation du croissant lunaire est au rendez-vous, presque un «copier-coller» de l'année précédente.

En tout cas, samedi ou dimanche, Ramadhan karim à tous les musulmans, qui en fin de compte suivront la fetwa des religieux, même les scientifiques parmi eux.