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Fifaqr

par El-Guellil

El khobz ouel bola, voilà que les grandes rencontres internationales mettent face à face la plèbe et ses dirigeants. S'autoproclamant rbab el fichta, les autorités politiques utilisent à fond cette tentation de se rendre populaires. Pour ceux qui ne peuvent pas assister directement aux joutes, ils envoient des messages de soutien. One two tri viva l'Algérie. Dans cette euphorie l'arabisation n'a pas sa raison d'être. La seule langue nationale, c'est le score. Déjà (et je m'excuse d'être pédant) l'Athénien Thucydide décrivait les Jeux olympiques de 428 avant J.-C. comme «un temps de contacts diplomatiques pendant cette trêve sacrée». Un but, une victoire conduit vers le bonheur un troupeau passif. 90 minutes et un temps additionnel et retour à la case départ.

Dans quel pays du monde la coupe a déjà fait oublier la misère, le chômage, l'habitat précaire et une jeunesse mise à la touche. En attendant le carton rouge. C'était déjà vrai à Mexico, où juste après le tremblement de terre de 1985, les 10.000 morts et les 30.000 blessés étaient vite oubliés pour faire place à la fête du foot. Fi l'Argentine où la Junte Militaire au pouvoir massacrait en silence, et organisait dans le même temps sa Coupe du monde sans que le monde libre, y compris le pays des droits de l'homme, ne trouve rien à y redire. Où sont-ils au fait ?

Ramadhan approche, quel que soit le résultat de l'équipe nationale, les résultats de l'équipe gouvernementale sont là. Des milliers de couffins de ramadhan et des tonnes d'effets vestimentaires vont être distribués aux démunis. Pendant ce temps, des milliards sont dépensés pour une joie éphémère. Le temps de chanter l'hymne national et saluer le drapeau et on revient à la vérité. Celle qui n'est pas gérée par les lois de la Fifa. Il y a 49.000 familles nécessiteuses à Relizane. A Jijel, 112 millions de dinars sont destinés aux familles démunies. Des familles recensées. On ne sait comment. A Oran, à Alger, à Constantine? capitale de la culture qui construit des ponts pour permettre à la misère de s'installer en dessous? « Cachez-moi cette plèbe que je ne saurais voir ». Après One tout hi, Fifa l'Algérie, on reviendra au vrai slogan : one tou tri, fifaqr l'Algérie.