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Mers El Hadjadj : Les pêcheurs en colère

par T. Lakhal

Chômage forcé et nerfs en ébullition. Les marins-pêcheurs de la localité de Mers El Hadjdaj, qui ne sont plus servis en fuel dans les stations-service, depuis bientôt une semaine, se disent prêts à manifester à tout moment pour faire entendre leurs voix. «On croyait que cette interdiction était momentanée et qu'elle n'allait durer que le temps ayant précédé les élections et on le comprend. Seulement, au niveau de ces stations, il a été interdit aux gérants de vendre le fuel dans des jerricans. Mais nous, artisans pêcheurs, c'est notre seul moyen de nous approvisionner en carburant et on le fait depuis toujours», indiquent des pêcheurs. «Vous voulez qu'on remorque nos embarcations jusqu'à ces points de distribution ? C'est absurde et contreproductif, même si l'on consent qu'il faille circonscrire le trafic qui peut avoir lieu. Mais nous sommes 300 à vivre de ce métier qui devient de plus en plus difficile, et voilà la nouveauté !», ajoutent-ils. A Mers El Hadjadj, le métier de la pêche artisanale, en dépit de la cherté du matériel, la loi imposée par les chalutiers qui raclent tout sur leurs passages et de la rareté du poisson, tente tant bien que mal de survivre dans une localité qui, de jour en jour, semble tourner son dos à la mer pour regarder vers les torchères et autres complexes pétrochimiques. Depuis une dizaine de jours, la mer est totalement polluée par le fuel dégagé par les bateaux qui viennent charger leur cargaison au niveau du port pétrochimique de Béthioua. Ils se débarrassent de leurs résidus dans la mer lors de l'opération de déballastage. C'est l'impunité pour ces voyous de la mer qui souillent nos côtes sans se soucier outre mesure des conséquences qui, en d'autres lieux, mènent directement à la saisie et le séjour en prison. Même le poisson pêché sentait le fuel, chose qui a poussé les habitants à le bouder». «Nous sommes obligés de partir jusqu'à la côte de Stidia, près de Mostaganem, pour jeter les filets», indiquent les pêcheurs.