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La guerre des titans pour faire des voitures des terminaux mobiles

par Farid Farah

Alors que la guerre des Smart TV, que se livrent Apple, Google et Amazone, fait encore rage, une autre voit le jour. Les mêmes acteurs, ou presque, s’engagent dans la course à celui qui installera son Operating System auprès des plus grandes marques d’automobiles. Cette fois, c’est Microsoft qui entre en concurrence avec les inévitables Apple et Google pour la course à l’OS "in the car".

Après avoir ouvert de nouveaux horizons à l’humanité, en raccourcissant les distances, la voiture est entrain de devenir un véritable terminal de connexion aux réseaux mobiles. Elle contient, en effet, de plus en plus de données dont une partie est utilisée par les constructeurs pour créer de nouveaux types de marchés, directement liés au secteur des télécommunications. L’ère du numérique, greffée aux progrès constatés dans le développement d’applications mobiles, a accéléré la tendance. De plus en plus de constructeurs se sont engagés, aux côtés d’éditeurs de softwares et de compagnies IT, dans la bataille des voitures connectées et plus précisément dans celle des habitacles et tableaux de bord de demain. Aujourd’hui, des fournisseurs de systèmes d’exploitation comme Microsoft et Apple tentent d’embarquer leurs OS dans les composants intelligents insérés dans les cartes électroniques qui composent le tableau de bord. La semaine dernière, Microsoft a annoncé le lancement de la version beta d’un système d’information qui adapte Windows aux véhicules automobiles.

En clair, les ingénieurs de la firme de Redmond veulent transformer le tableau de bord de la voiture en une sorte d’interface multimédia connectée simultanément à la voiture et à Internet. Il s’agit, en fait, d’embarquer dans les tableaux de bord des voitures le système d’exploitation mobile "Windows Phone" et permettre aux conducteurs et passagers de regrouper au sein de cette interface l’ensemble des fonctionnalités de conduite, radio et téléphone, pour un maximum de confort et de sécurité routière. Cette plateforme d’info-divertissement de Microsoft qui s’affiche sur les écrans tactiles du tableau de bord et autres éléments de l’habitacle destinés aux passagers, a conservé le fameux bouton "démarrer". Avec une sorte de "Windows Phone" plus simplifié, cette interface comporte des tuiles, boutons de réglage de l’heure, la charge de la batterie et autres outils. En faisant interfonctionner l’OS de la voiture avec celui d’autres terminaux intelligents, il est alors possible d’associer son smartphone ou sa tablette à la conduite du véhicule. Dès que le conducteur s’installe au volant, le système de conduite de Microsoft a déjà intégré les données clés contenues dans le smartphone ou la tablette. Le conducteur pourra alors exécuter des applications classiques en voiture comme la téléphonie, la messagerie SMS, les Web Radio, la recherche de parkings et le GPS. Si les fonctionnalités de navigation sont intégrées dans le menu du tableau de bord, celles relatives à la conduite (freinage, contrôle de vitesse et stationnement) sont maintenues mais remplacées par des capteurs électroniques. Ces derniers produisent à la fois plusieurs catégories de flux de données, créant une modernisation de l’automobile.

Mutations

Les applications des guidages, confort, maintenance, connectivité et assistance à la conduite sont les principaux facteurs de cette amélioration. Cette mutation a transformé les tableaux de bord des voitures en cockpits d’avions et a, par conséquent, consolidé le partenariat entre les fabricants de composants électroniques, opérateurs de télécommunications, éditeurs de logiciels et constructeurs automobiles. C’est ainsi qu’avec les constructeurs Audi, General Motors, Honda et Hyundai, Google a crée l'Open Automotive Alliance pour embarquer dans les capteurs son système d'exploitation Android. Son grand rival, Apple, a répliqué à cette fondation par le développement de sa propre initiative baptisée «iOS in the Car» qui permettra aux conducteurs des véhicules des marques General Motors, BMW, Toyota, Mercedes-Benz, Honda, Audi et Hyundai d'interagir avec leur iPhone par la voix uniquement. Aujourd’hui, les industries du numérique et des télécommunications font désormais partie intégrante de l'offre des constructeurs et vont se révéler indispensables, dans l’avenir, pour les automobilistes du monde entier. De plus en plus, de constructeurs équipent leurs véhicules d’un système d'information embarqué et connecté à Internet pour écouter de la musique en continu, suivre une carte, transmettre des informations aux infrastructures routières (panneaux de signalisation, feux, centres de gestion) ou utiliser diverses applications spéciales voitures. Par exemple, la société Inrix XD, spécialisée dans le développement des applications d’info-trafic, a créé un système embarqué expérimental appelé XD Connect qui facilite l’utilisation des smartphones au volant tout en veillant à la sécurité du conducteur. Les fonctionnalités sont activées vocalement, à partir des boutons présents sur le tableau de bord, en utilisant les logiciels de reconnaissance et de synthèse vocale. Grâce à ce système, il sera possible de donner, aux conducteurs, en temps réel, des informations sur le trafic routier dans le périmètre de conduite. Il sera même possible de chercher la disponibilité d’une place de stationnement. La connectivité automobile devrait alors connaître un boom d’ici 2017. Selon une étude d'ABI Research, le nombre de véhicules connectés devrait passer de 8,22 millions dans le monde en 2012 à 39,5 millions d'ici à 2017. L’automobile deviendra ainsi un nœud du réseau de communication dit «car-to-x» (Car2X) qui sera, selon les experts, l’unique remède à l’explosion du trafic routier dont le parc mondial comptera 4 milliards de véhicules en 2050.