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Ancien officier de l'ALN et de l'ANP : El Hadj Abdelkrim dit «Hadj 80» n'est plus

par Ziad Salah

Dans la journée de mardi, la famille Abdelkrim a enterré son père, un militant de la cause nationale et officier de l'ALN. Le défunt, Abdelkrim El Hadj, connu surtout sous la dénomination de «Hadj 80», est natif de la région de la Saoura et plus exactement de Béni Ounif. Selon un de ses fils, il est né en 1932. Il rejoint les rangs de l'ALN en 1956, selon des témoignages recueillis auprès de certains de ses amis. C'est durant la guerre de libération nationale qu'il a acquis le sobriquet de Hadj 80, en raison de sa manipulation légendaire du mortier de diamètre 80 mm, avec lequel «il jouait presque », selon ceux qui l'ont côtoyé. Le défunt était connu pour sa carrure imposante. Il a été dans la guerre de libération dans la région de Djebel Asfour, au niveau de la wilaya cinq, zone huit. A la fin de la guerre, il avait le grade de lieutenant. On dit de lui qu'il était un baroudeur né. Cependant, l'histoire de cette région reste à faire. Selon les fils du défunt, El Hadj a emporté avec lui d'innombrables secrets.

Après l'indépendance, il a terminé sa carrière au niveau de l'ANP qu'il quitta avec le grade de commandant. Il a été affecté à la 3ème Région militaire avant de rejoindre la 5ème et finalement revenir à la 2ème Région militaire vers la fin de sa carrière. Le dernier poste qu'il avait occupé était celui de chef de secteur au niveau de Saïda en 1983. Après sa carrière militaire, il a essayé une carrière politique. Il a été même membre du Comité central du FLN avant l'ère du multipartisme, nous assure un de ses fils. Dans les années 90, il a été associé au projet du parti El Fadjr qui devait naître à Oran, projet dont l'avortement n'a jamais été élucidé jusqu'ici. Son statut d'ancien de l'ALN et surtout son réseau de relations le qualifient d'être associé encore une fois à la création du RND. En 1989, sous l'égide du FLN, il participa activement dans la campagne électorale du président Bouteflika.

Il est membre fondateur de ce parti, même s'il est resté toujours fidèle aux principes du 1er Novembre. De l'avis de tous, El Hadj, même en se retirant formellement de la scène politique, est resté toujours une sorte d'autorité morale. Il était sollicité pour prodiguer des conseils ou pour intervenir dans des différends, ou encore cautionner telle ou telle personne. Sa carrière militaire et son engagement politique ne l'ont pas totalement détourné et absorbé vis-à-vis de ses obligations familiales. Parmi ses fils, on relève un enseignant universitaire, un officier de l'ANP, un autre préparant une carrière d'avocat parallèlement à une autre dans un corps constitué.

En dehors de ces considérations, El Hadj demeure un modèle de l'humilité et de la correction. Tous ceux qui l'ont connu se rappellent de cet homme affable, toujours disponible à servir ceux qui sollicitent son aide. Cependant, ses amis déplorent le fait qu'El Hadj, qui a côtoyé «les grands» de la guerre de libération nationale, notamment Boumediene et Krim Belkacem, n'a pas eu le temps d'immortaliser ses souvenirs pour sauvegarder la mémoire de la Révolution menacée de l'oubli et surtout de la dénaturation.