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Après cinq semaines de protestation : La grève de la santé gelée

par M. Aziza

Après cinq semaines de grève cyclique paralysant le secteur de la santé, l'Intersyndicale regroupant les syndicats des praticiens, des spécialistes et des psychologues a décidé du gel du mouvement de protestation à compter d'hier.

C'est ce qu'a affirmé hier, Kedad Khaled, le porte-parole de l'Intersyndicale des professionnels de la santé (ISPS), lors d'une conférence de presse tenue à Alger. Le conférencier a expliqué que ce gel a été décidé suite à l'ouverture du dialogue avec le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, mercredi dernier. Le porte-parole du mouvement a affirmé que la balle est aujourd'hui dans le camp du ministère. "Nous avons assumé notre responsabilité, qu'ils assument leurs responsabilités". Les syndicats se sont montrés un peu sceptiques. "Aucune proposition concrète sur la résolution de certaines revendications n'a été avancée", alors que le dialogue, entamé mercredi dernier, devait déboucher sur une série de réunions de concertation à partir de ce lundi. "Nous n'avons rien reçu ce lundi, ni appel ni une invitation de la part du ministère", a affirmé Lyès Merabet, le président du SNPSP, en poursuivant : "Mais nous avons décidé le gel de la grève pour affirmer notre bonne intention d'aller vers le dialogue".

L'Intersyndicale se dit déterminée à défendre toutes les revendications réclamées depuis 2009. "L'ensemble de nos revendications seront mises sur la table de discussions", dira le docteur Yousfi Mohamed, président du SNPSSP. Et de souligner que l'Intersyndicale s'attend à un dialogue sérieux. "On s'attend à des explications, des solutions et des échéanciers à toutes nos revendications", a-t-il indiqué. Des réponses sont attendues sur les principales revendications qui se résument à l'amendement des statuts particuliers, la révision des régimes indemnitaires, l'amélioration des conditions de travail, l'ouverture du concours d'accès au grade de praticiens chefs pour les praticiens et à la suppression du plein temps aménagé pour les médecins exerçant dans le secteur public.

Les conférenciers étaient unanimes à réclamer en premier la levée immédiate de toutes les sanctions "illégales" prononcées à l'encontre des grévistes (retenues sur salaire, mutations arbitraires, recours aux réquisitions, mises en demeure, suspensions). Le président du SNPSP, Lyès Merabet, a dénoncé, dans ce sens, le non-respect des libertés syndicales, le droit à la grève et le recours systématique à la justice. "A chaque grève, depuis 2004, le ministère de la Santé se substitue au rôle d'un huissier de justice pour notifier une grève dans le but de casser le mouvement, et cela sans obtenir un résultat ou gain de cause", a-t-il martelé en affichant son exaspération face à ce genre de pratiques. Et le président du SNPSP de souligner que le ministère aurait pu gagner du temps en appelant à un dialogue juste après l'enclenchement de la grève. "C'est un dialogue arraché après cinq semaines de grève", indique-t-il. Le docteur Yousfi affirme, par ailleurs, que "le travail de sape de certains lobbies, des cadres du ministère empêchent à chaque grève le règlement des conflits. Ils vivent du dysfonctionnement et de la crise du système de santé". "Ces cadres défendent en fait leur décret pour s'éterniser au ministère de la Santé", accuse-t-il. Pour sa part, Lyès Merabet déclare: "Certains cadres, connus et dénoncés auprès des ministres ayant été à la tête de ce département, poussent toujours le mouvement de grève au pourrissement, car ce pourrissement leur donne une certaine légitimité pour justifier leur présence au ministère". Les praticiens, les spécialistes et les psychologues ont fait preuve de bonne foi en décidant de suspendre leur grève, affirment les concernés. Ils exigent aujourd'hui qu'"un premier pas soit engagé par le ministère pour programmer des réunions de concertation".