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L'importation massive dénoncée : Le crédit à la consommation et les 50 millions de dollars de biscuits

par M. Aziza

Le secrétaire général de la centrale syndicale (UGTA), Abdelmadjid Sidi Saïd, a dénoncé, hier, énergiquement l'importation massive de produits étrangers sur le marché algérien, affirmant que l'Algérie est «colonisée économiquement».

Sidi Saïd a appelé à la fermeture des portes aux importateurs qui inondent le marché de produits étrangers de très mauvaise qualité au détriment des produits algériens. «Il faut imposer des taxes à tous les produits importés», réclame-t-il. Il a également préconisé le recours aux crédits à la consommation exclusivement pour les produits nationaux, une mesure protectrice qui a déjà fait ses preuves dans des pays étrangers, selon ses propos.

Intervenant hier, en marge du 11e Forum d'Alger organisé par le cabinet EMERGY, à l'hôtel Sheraton, Sidi Saïd a affirmé que «si les Algériens ne prennent pas en charge leur économie, ils vont nous prendre en charge». Il cite «les Américains, les Français et les Qataris». Il poursuit : «Tous les pays libéraux protègent «agressivement» leur économie et leurs entreprises». «De quoi a-t-on peur ?», s'est-il interrogé, en préconisant des actions concrètes et rapides qui, loin de toute philosophie, «protègeront nos produits, nos entreprises et l'emploi des Algériens». Le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, M. Chérif Rahmani, a exprimé quant à lui l'engagement et la volonté du gouvernement à booster la production nationale en améliorant le climat des affaires. Il a également précisé que le gouvernement Sellal a décidé de monter au front pour protéger les entreprises algériennes. «Tous les Etats du monde adoptent des politiques protectionnistes et protègent leurs entreprises publiques et privées», a-t-il insisté en précisant, qu'aujourd'hui, la prise de conscience est que «la demande interne soit une cause nationale». Chérif Rahmani a précisé que les commandes publiques doivent servir d'exemple, elles doivent plaider pour des préférences nationales. Le ministre a appelé également les entreprises algériennes à se moderniser. «Nos entreprises souffrent d'un manque de visibilité», dit-il en précisant «en fait, c'est l'informel qui brouille la vision des entreprises».

Lutter contre les importations massives qui mettent notre économie en péril, doit commencer par une lutte réfléchie contre l'informel, a-t-on souligné. Le représentant de l'UGCAA, Hadj Boulanouar, a affirmé pour sa part que 80% des produits importés s'écoulent dans les circuits du marché informel. Le patron du FCE, Réda Hamiani, a déclaré pour sa part que l'informel s'est approprié les leviers de l'importation et la distribution par le paiement cash et l'absence de factures. Réda Hamiani préconise le recours au paiement par chèque avec facturation dans toutes sortes de transactions commerciales. Il a également appelé les entreprises nationales à ne plus jouer sur les coûts (les prix bas). C'est un marché perdu d'avance, face à la rude concurrence asiatique. Pour lui, il faut miser sur l'amélioration de la qualité. Il argumente en précisant que la production nationale forte et historique des pâtes, chocolats et biscuits a perdu ses parts de marché, alors que ses produits sont trois à quatre fois plus bas comparativement aux produits importés. «Ce n'est pas normal, nous avons importé 50 millions de dollars rien qu'en biscuits». Le PDG de Saidal, Boumediène Derkaoui, a, quant à lui, avancé quelques pistes pour booster la production nationale pharmaceutique. Il s'est dit satisfait de la filière pharmaceutique qui connaît depuis 15 ans une certaine dynamique. «On était à 15 usines, nous sommes aujourd'hui 50 usines de production de médicaments». Il ajoute : «La production nationale couvre aujourd'hui 40% des besoins du marché du médicament». Mais pour le PDG de Saidal, il ne suffit pas de produire uniquement des médicaments, il faut penser à la production intégrée. «Nous importons des flacons pour nos médicaments à des prix excessifs parce que le verre produit localement est de très mauvaise qualité», dira-t-il. Et d'avancer qu'il est possible de monter des usines algériennes pour la production locale de ces flacons et pour l'emballage. Il a également précisé qu'il ne faut pas se limiter à la production des médicaments, mais il faut aller vers la production locale des principes actifs.

Pour sa part, l'expert indépendant en agronomie, Akli Moussouni, avance le fait qu'on peut améliorer la production agricole par la valorisation de 80% environ du potentiel agricole non exploité. En faisant naître des filières qui ne sont pas mises en branle dans l'activité agricole. Il cite l'agroforesterie, «culture des huiles essentielles et culture bio». Il précise que «nous importons une moyenne de 100 millions d'euros d'huiles essentielles». Il cite, en outre, les filières de l'artisanat, «l'agro- tourisme». Il y a aussi la filière de la valorisation des sous-produits, les biogaz qui peuvent servir d'énergie, le compostage. En plus de l'agriculture artisanale qui se fait toujours de manière traditionnelle, «il faut revoir ces cultures, fertiliser les sols».