La grève déclenchée le 8 avril dernier par les fonctionnaires dans 23
wilayas du Sud a été renforcée, hier, par l'adhésion des travailleurs du
secteur de la fonction publique de la wilaya de Saïda, qui ont rejoint le
mouvement de protestation en mettant sur le tapis les mêmes revendications et
en appelant à un sit-in aujourd'hui (dernier jours de la grève cyclique) devant
le siège de la wilaya. Dans un communiqué conjointement signé par le Snapest,
l'Unpef et le Snapap, il est indiqué que les représentants des travailleurs de
la fonction publique de la wilaya de Saïda annoncent leur adhésion au mot
d'ordre de grève dans les 23 wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, lancé par
une coordination de plusieurs syndicats autonomes, dont le Snapest, le Snapap,
l'Unpef, le SNPSP, le CNES et le SAP. Malgré quelques tentatives de
regroupement avortées des syndicats autonomes, naguère initiées pour faire face
à l'hégémonie de la centrale UGTA lorsqu'il s'agissait de négocier des
préoccupations du monde du travail avec le gouvernement, jamais par le passé
une telle coordination entre ces syndicats autonomes n'a vu le jour. C'est là
un acquis bien plus précieux que les statistiques d'adhésion au débrayage,
dépassant globalement, selon les concernés, le taux de 70 %, des travailleurs
de la santé, de l'éducation et des fonctionnaires de l'administration publique.
Joint hier par téléphone, le président du Snapest, M. Meziane Meriane, qui
avance un taux de 73 % de participation à la grève dans le corps des
enseignants, maintient la pression sur les pouvoirs publics.«Il est temps de
corriger ces graves injustices commises à l'encontre des travailleurs du Sud»,
souligne-t-il. Celui-ci rappelle que le Snapest a très tôt soumis les
revendications des enseignants du Sud, lesquelles revendications sont
aujourd'hui adoptées par tous les travailleurs du secteur de la fonction
publique. Estimant que le sud du pays a toujours été marginalisé, le président
du Snapest, tout comme les autres syndicats qui s'inscrivent dans ce mouvement
de protestation, exige d'indexer la prime de zone et la prime du grand sud sur
le salaire de base appliquée depuis 2008, ainsi que l'octroi d'un quota de
logements sociaux et de terrains à bâtir pour les travailleurs du Sud et des
Hauts-Plateaux. «C'est une aberration que de continuer de calculer ces primes
sur un ancien barème des salaires de base qui fait perdre jusqu'à 6000 dinars
aux travailleurs, d'où notre exigence de revoir cette base de calcul selon une
indexation actualisée et qui se réfère au régime salarial issu des nouveaux
statuts adoptés par les différents secteurs de la fonction publique, et de
verser des rappels pour tous les travailleurs avec effet à partir de 2008»,
clame M. Meziane. Et à propos de l'instruction du ministère de l'Education,
dont copie a été médiatisée hier sur le site du Snapest, avec un objet qui
porte sur la «dérogation exceptionnelle» permettant l'intégration des
enseignants dans les nouvelles catégories d'échelles par une «translation
directe», c'est-à-dire permettre le passage de la fonction de professeur
d'enseignement secondaire (PES) classée à l'échelle 13 vers l'échelle 16
accordée à un enseignant formateur sans perte en matière d'échelons, le
président du Snapest reconnaît qu'il s'agit là d'un acquis non négligeable.
«Seulement, dira-t-il, cela arrive en retard». Ajoutant dans ce contexte que
«cet accord portant sur l'intégration des enseignants dans les nouvelles
catégories d'échelles a été signé avec la tutelle au mois de décembre 2012».
Quelle influence sur la grève actuelle ? se peut-il que le Snapest revienne à
de meilleurs sentiments après ce geste de la tutelle ? «La grève du Sud est
spécifique, même si l'on reconnaît que le geste en question appelle à
l'apaisement, la contestation au Sud sera maintenue jusqu'à la satisfaction des
revendications des travailleurs», indique notre interlocuteur. Au Sud, il n'y a
pas que les chômeurs qui souffrent de l'injustice, même les salariés mettent au
goût du jour leurs préoccupations et dénoncent les écarts abusifs dans le
calcul de la solde.