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Le Conseil de sécurité veut un retour à l'ordre à Bamako : Feu vert pour une intervention militaire au Mali

par Salem Ferdi



Le Conseil de sécurité a adopté, jeudi, une résolution autorisant une intervention militaire au nord du Mali pour le débarrasser des groupes terroristes. Mais cette autorisation s'accompagne d'exigences politiques portant notamment sur la tenue d'élections présidentielles au Mali avant avril 2013, et l'ouverture d'un cadre pour des «négociations crédibles» avec les groupes touaregs qui doivent se dissocier clairement d'Aqmi et du Mujao.

Le Conseil de sécurité a adopté, à l'unanimité, une résolution autorisant «pour une période initiale d'un an» le déploiement d'une force internationale au Mali tout en exerçant une forte pression pour un retour à l'ordre constitutionnel par la tenue d'élections présidentielles avant avril 2003 et l'ouverture de négociations crédibles avec les Touaregs. Il n'y a aucun calendrier précis pour le début de l'intervention militaire dans la résolution du Conseil. Elle fixe, par contre, une échéance très précise pour une remise en ordre à Bamako qui doit lancer un «dialogue politique pour rétablir pleinement l'ordre constitutionnel», notamment en organisant des élections présidentielles et législatives avant avril 2013. Elle invite aussi les autorités maliennes de transition à engager des négociations «crédibles» avec les groupes présents dans le nord du pays, essentiellement les Touaregs, qui se dissocieront des «organisations terroristes» contrôlant cette région, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique et le Mujao. Sans que cela soit des conditions, il y a clairement dans l'agenda fixé par le Conseil de sécurité une insistance sur des préalables politiques avant l'intervention militaire. L'insistance des pays de la Cédéao sur une intervention «immédiate» n'est pas avalisée par le Conseil de sécurité qui semble plutôt suivre les recommandations de Romano Prodi indiquant, sur la base d'une évaluation d'experts, qu'une intervention militaire ne pouvait avoir lieu avant l'automne 2013.

RETOUR AU «PREALABLE DE BAMAKO»

Le Conseil de sécurité a par contre clairement rétabli ce qu'on a appelé de «préalable de Bamako», à savoir un retour clair à l'ordre constitutionnel et la fin de la mainmise des putschistes, qui ne sont pas des «ex», sur la partie du sud du Mali. Le Conseil de sécurité n'a d'ailleurs pas manqué de dénoncer les circonstances du dégommage du Premier ministre et de la dissolution du gouvernement malien, le 11 décembre, et a exigé, «à nouveau, qu'aucun membre des forces armées maliennes ne s'immisce dans les activités des autorités de transition et se déclare disposé à étudier, le cas échéant, les mesures qu'il pourrait convenir de prendre à l'encontre de ceux dont les agissements compromettent la paix, la stabilité et la sécurité, y compris ceux qui empêchent l'instauration de l'ordre constitutionnel au Mali». Dans l'atmosphère qui règne à Bamako sous l'emprise de la faction armée de Sanogo, la forte insistance sur la tenue d'un retour à l'ordre constitutionnel renvoie la balle aux responsables politiques maliens. Dans le même temps, les autorités de transitions maliennes sont invitées à mettre en place rapidement «un cadre de référence crédible pour les négociations avec toutes les parties se trouvant dans le nord du pays qui ont rompu tout lien avec une organisation terroriste, tout particulièrement avec Aqmi et avec les groupes y affiliés, dont le Mujao, et qui acceptent sans conditions l'unité et l'intégrité territoriale de l'Etat malien».

«CHERCHER LA PAIX AVANT DE COMMENCER L'ACTION MILITAIRE»

En parallèle à ces objectifs politiques, il faudra reconstruire l'armée malienne et entraîner les troupes de la Cédéao appelée à faire partie de la «Mission internationale de soutien au Mali (Misma). L'intervention de ces forces qui n'aura pas lieu en tout cas avant l'automne 2013 reste conditionnée au fait que le Conseil de sécurité doit s'estimer «satisfait» de l'état des préparatifs (entraînement, efficacité de la structure de commandement, équipement, adaptation au terrain), avant qu'elle ne puisse se déployer au Nord. Le Conseil insiste aussi sur l'impératif de réduire l'impact de l'opération militaire sur la population civile. Des précisions et des quasi-conditions conformes au discours de Romano Prodi indiquant que la préparation d'une action armée doit être «crédible» et il faut identifier «tous les moyens pour chercher la paix avant de commencer l'action militaire». L'opération devrait coûter dans les 200 millions de dollars. Sur le fond, le Conseil de sécurité a avalisé l'option d'une intervention militaire mais il a mis une forte pression pour une remise en ordre à Bamako.