Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Hai Nour: Une cité froide et sans âme

par M. Nadir

Récemment construit dans le cadre du programme de résorption de la crise du logement, Haï Nour est l'archétype de ces nouvelles cités-dortoirs, toutes en béton, sans chaleur, qui ceinturent désormais la ville d'Oran.

Situé sur le flanc Est de Bir El-Djir, entre une autre jeune cité, Haï Yasmine en l'occurrence, et le quatrième boulevard périphérique qui mène de Canastel vers Misserghine, Haï Nour est une immense cité dont les habitants, les plus jeunes en particulier, vivent dans le désœuvrement : en l'absence de centres de divertissements et d'aires de loisirs, les adolescents sont contraints de se rendre dans des endroits un peu plus animés et les enfants doivent se contenter de la rue comme espace de jeux. Malgré le froid - rendu plus mordant par des bourrasques qui s'engouffrent de tous les côtés dans cette cité ouverte aux quatre vents et font tomber les poubelles publiques et valser les ordures - les enfants jouent au ballon en pleine rue sans égards pour le passage des voitures (heureusement rares en ce début de week-end) et des jeunes discutent le bout de gras, adossés aux murs des immeubles aux couleurs improbables, une cigarette à la main.

Garées sur un terrain à proximité, trois chargeuses-pelleteuses témoignent que Haï Nour reste encore un grand chantier et que la dynamique de construction est encore de mise : des bâtiments sont encore en cours de réalisation, le projet de réalisation d'un bureau de poste ne semble pas avoir démarré, la mosquée Nour El Houda est loin d'être achevée, les marchés de fruits et légumes sont ouverts alors que les parpaings du mur d'enceinte sont toujours visibles et de nombreux locaux commerciaux restent hermétiquement clos. Probablement la plus importante infrastructure économique projetée dans la cité, la construction annoncée d'un hypermarché Ardis (filiale du groupe Arcofina). Selon le panneau d'affichage dressé à l'entrée du terrain, les travaux de réalisation ont débuté cette année et le centre devrait être réceptionné dans 24 mois.

Comme les dizaines d'autres cités qui ont vu le jour dans la fièvre constructrice qui s'est emparée du pays ces dix dernières années, le volet esthétique a été quasiment ignoré par des architectes qui n'ont pas cru utile de prévoir des espaces verts, ou si peu qu'il faut vraiment chercher pour en trouver. Malgré les instructions maintes fois réitérées par le ministère de l'Habitat, l'environnement n'est malheureusement pas toujours pris en compte et les habitants de Haï Nour et de toutes les autres cités en font quotidiennement les frais. Et ce ne sont certainement pas les deux Lions élevés de part et d'autre de l'entrée Est de la cité (côté de la Rocade sud) qui font illusion sur l'absence d'imagination des concepteurs. En tout état de cause, Haï Nour n'est pas encore achevé, loin s'en faut, et les autorités locales ont tout loisir à apporter à cette cité en devenir, les ingrédients qui manquent pour permettre aux habitants de se bâtir un cadre de vie agréable.