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Des concertations militaires inquiétantes

par Kharroubi Habib

Les développements à haut risque qui s'enchaînent ces derniers temps dans la crise opposant les Occidentaux à l'Iran sur le programme nucléaire de ce dernier pays, n'autorisent pas à l'optimisme sur son possible dénouement par la voie pacifique de la négociation. Des protagonistes de cette crise ont certes fait des déclarations voulant créditer la thèse que le seuil de non-retour vers la solution pacifique de la crise n'est pas dépassé, mais les préparatifs et les positionnements d'ordre militaire qui s'effectuent dans les deux camps concernés par cette crise donnent au contraire à penser qu'ils s'acheminent inéluctablement vers la confrontation. Au point que la seule question que se posent experts et observateurs est celle de savoir quand se produira le passage à l'acte et quelle forme prendra l'option militaire à laquelle les Occidentaux sont résolus.

Ces derniers jours, d'intenses consultations se déroulent entre responsables militaires américains et israéliens. Un brouillage a été répandu sur leur nature. De Washington, l'on donne à croire que ces contacts entre militaires américains et israéliens ont pour but de dissuader ces derniers de précipiter l'option de l'intervention contre les sites nucléaires iraniens en leur prodiguant pour les convaincre la garantie du parapluie américain. Si l'on fait foi à cette lecture des consultations américano-israéliennes qui se sont déroulées à Tel-Aviv, l'on peut alors faire crédit aux propos tenus sur le sujet par Yehud Barak, le ministre de la Défense, affirmant que son pays n'envisage pas de déclencher de façon imminente une opération militaire contre l'Iran. Sauf que l'Amérique et Israël font entendre des bruits de bottes et s'adonnent à des initiatives qui, elles, font craindre qu'il y ait de leur part de l'accélération sur la voie de la confrontation.

Perception qui crédibilise l'hypothèse qu'avancent certains milieux d'experts et d'observateurs voyant dans la concertation militaire américano-israélienne la phase ultime des préparatifs de l'opération militaire, tant redoutée par l'opinion internationale. Il semblerait, selon ces mêmes milieux, que Barack Obama a opté pour des considérations électorales, et pas uniquement pour celles-ci, de précipiter les évènements dans la crise iranienne. Après avoir freiné, au début de son mandat, les tentations tant américaine qu'israélienne d'en découdre immédiatement avec l'Iran et le faire ainsi renoncer à son programme nucléaire, c'est lui qui maintenant voudrait que la fin de son mandat voie cet objectif se réaliser.

En précipitant les choses, il escompterait couper l'herbe sous les pieds des républicains, dont le candidat, quel que soit son nom, qui lui sera opposé à l'élection présidentielle, ne manquera pas de lui faire grief d'avoir laissé l'Iran «humilier l'Amérique» et menacer «impunément Israël». L'autre bénéfice qu'il voit à précipiter la confrontation avec Téhéran, est celui du soutien inévitable que les lobbys juifs sionistes américains ne manqueront pas d'octroyer au «commandant en chef des Etats-Unis» engagé dans la conduite de la guerre contre «le pire ennemi» d'Israël.

A ce décryptage, il sera opposé que l'occupant du fauteuil de la Maison-Blanche n'est pas un va-t-en-guerre du style de George W. Bush. Barack Obama a pourtant donné des preuves irréfutables que sa vision des intérêts planétaires de l'Amérique et des moyens à employer pour les protéger ne diffère guère de celle de son prédécesseur. Obama se voit même contraint d'être plus belliciste en la matière que Bush, car mis dans l'obligation d'offrir des gages de son patriotisme mis en doute, voire contesté insidieusement par «l'Amérique profonde», travaillée et convaincue par le courant ultraconservateur prônant que le patriotisme des Américains se mesure à leur volonté d'en découdre avec quiconque s'avise de contester son «imperium».