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Lycée Ibrahim Tazi: Les enseignants et les élèves en grève

par Ziad Salah

Hier en milieu de matinée, les enseignants du lycée Ibrahim Tazi ont décidé d'observer une grève illimitée. Ainsi, ils ont évacué les classes et se sont regroupés dans la salle des professeurs pour élaborer un écrit à envoyer à la direction de l'Education. Du coup, les élèves se sont retrouvés dehors aux alentours de l'établissement, certains ignorant même la raison de ce débrayage. Contactés sur les lieux de leur travail, des enseignants nous ont énuméré les motifs de leur mouvement de protestation. La première concerne l'absence de surveillant général dans l'établissement pouvant «instaurer l'ordre», durant les inter-classes et lors des sorties et entrées des élèves. Dans ce sens, on nous a expliqué qu'en principe, c'est-à-dire sur la carte scolaire, ce lycée doit être doté de 3 surveillants généraux. On nous indique que l'établissement reçoit 1.200 élèves et a opté pour le régime des heures continues. Dans les explications avancées, on nous signale que l'absence de surveillant dure depuis le début de l'année et les promesses de la tutelle n'ont jamais été tenues. Pour illustrer ce que ce déficit d'encadrement génère, un enseignant nous dira qu'il lui faut une quinzaine de minutes pour pouvoir sortir à midi et se désengager de la masse des élèves qui s'agglutinent devant la porte principale de l'établissement. L'on apprendra qu'un surveillant général est venu de Mascara pour occuper le poste, mais l'absence de logement de fonction l'a dissuadé et a finalement préféré renoncer au poste. Sur ce chapitre, on nous confirme que les logements d'astreinte de l'établissement sont occupés par des anciens responsables de l'établissement partis à la retraite. On insiste pour nous signaler le cas de l'un d'eux, installé depuis 15 ans en France mais qui a placé sa belle famille dans ce logement de fonction.

Abondant dans ce chapitre, les enseignants indiquent que même la directrice de l'établissement n'est pas logée et se trouve dans l'obligation de faire la navette entre Aïn El Turck et Oran. Lors des discussions, on nous sort aussi le cas du manque d'enseignants de mathématiques, depuis le début de l'année. Au moins 2 classes, une de la 1re année et une autre de la 2ème n'ont pas encore vu d'enseignant de mathématiques. Une autre classe de gestion souffre, elle aussi, de ce manque. Apparemment, la direction de l'Education est au courant de ce problème, mais se trouve dans l'incapacité de le résoudre. Il touche d'autres établissements, nous dit-on.

Cependant, ni les enseignants ni la directrice n'ont daigné nous entretenir sur un incident survenu dans cet établissement, mercredi dernier. C'est un groupe d'une cinquantaine d'élèves qui s'est débrouillé pour nous contacter et nous exposer un autre problème. Pour conférer d'avantage de crédibilité à leur doléance, ils nous ont remis un écrit portant une trentaine de signatures de la classe de terminale de la branche langues étrangères. Soulignons que l'écrit, intitulé «dénonciation» est rédigé dans un français très correct et limpide. Il relate le cas de tentative d'agression sexuelle sur une élève par un employé de l'établissement qui, nous dit-on, est passé de gardien de la porte à un bureau délivrant les billets d'entrée. Mercredi dernier, dans l'après-midi, il aurait tenté, selon les élèves, d'agresser une fille de la classe signalée. Devant son refus de céder à sa sollicitation, il l'a agressée physiquement. Jeudi dernier, les élèves de cette classe ont observé un arrêt de cours. Ils ont saisi par écrit l'administration et comptent aller jusqu'à saisir la justice, au cas où il n'y aurait pas de suite à cette tentative d'agression sexuelle. On nous indique que les parents de l'élève en question se sont déplacés hier pour prendre contact avec la directrice. Mais on ignore ce qui s'est passé entre les deux parties. Nos interlocuteurs sont persuadés que tout le monde tente d'étouffer ce scandale. Signalons que les enseignants que nous avons contactés ont passé sous silence cet incident. La directrice de l'établissement qui a accepté de nous recevoir dans son bureau s'est refusée à toute déclaration et s'est contentée de nous orienter vers la direction de l'Education.