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Forum des chefs d'entreprise : Des réserves sur la baisse de l'IRG

par Salim L.

Le président du Forum des chefs d'entreprises, Réda Hamiani, s'est dit «favorable», hier, à une hausse du salaire minimum garanti (SNMG) mais s'est montré «réservé» sur une forte baisse de l'IRG sur les salaires. «Nous sommes favorables à l'augmentation du SNMG pour une raison sociale liée à la nécessité d'un rattrapage par rapport à l'envolée des prix à la consommation», a-t-il déclaré sur la chaîne3. «L'augmentation du SNMG va pousser certaines entreprises à ajuster leurs marges. L'impact n'est pas décisif puisque rares sont les entreprises qui payent au SNMG. C'est le cas par exemple des gardiens, des agents de sécurité et des femmes de ménage», explique-t-il. Le FCE participera, pour la seconde fois, à la Tripartite qui se tiendra à partir du 29 septembre. Le président du FCE a cependant mis en garde contre «une forte hausse» du SNMG. «Beaucoup d'entreprises ne sont pas en bonne santé financière. Une forte augmentation alourdira leurs charges. Elles vont être éliminées par le marché puisque les hausses vont être répercutées sur les prix. Les entreprises qui sont déjà menacées par le marché informel vont se retrouver en difficulté», prévient-il. Le salaire minimum est porté, depuis janvier 2010, à 15 000 dinars. Un salaire qualifié de «précaire» par les huit syndicats autonomes de la fonction publique qui ne sont pas invités par le gouvernement à la Tripartite, et qui réclament un SNMG à 40 000 dinars. Contrairement au volet lié à la valorisation de SNMG, M. Hamiani s'est montré plus réservé sur la baisse de l'IRG réclamée par l'UGTA, visant à améliorer le pouvoir d'achat. «Une forte baisse de l'IRG risque d'induire une tension inflationniste et augmenter les importations», prévient le patron du FCE. Et de souligner que «la fiscalité pétrolière représente 60% du volume global du budget fiscal», d'où «son appel à la prudence». Sur un autre volet, M. Hamiani affirme que le patronat attend la stricte application de ce qui a été convenu lors de la dernière tripartite tenue le 28 mai dernier. «C'est le cas de l'amélioration du climat des affaires, de l'accompagnement par l'administration des entreprises et de l'application de toutes les mesures prises en faveur de l'encouragement des entreprises», énumère-t-il. Le président du FCE s'est dit «satisfait» de certaines mesures prises par le gouvernement. «C'est le cas de la facilitation de l'accès au foncier, l'amélioration du financement de l'investissement (bonifications, fonds de garantie, suppression du contrôle de qualité imposé par la Banque centrale) et levée de la contrainte du Crédoc pour l'importation des matières premières», rappelle-t-il. « Ces mesures se sont répercutées positivement sur le climat des affaires», dit-il. «Le FCE mène, tous les six mois, une évaluation du climat des affaires sur la base de 40 critères. Les entreprises évoluent actuellement dans un environnement hostile avec une administration qui tantôt joue au gendarme, tantôt joue au censeur», déplore-t-il. Le président du FCE dit «regretter» que la commission mise en place à l'issue de la dernière tripartite et qui devait prendre en charge le dossier du climat des affaires, ne s'est pas réunie comme prévu en été dernier. Interrogé sur l'attitude des pouvoirs publics vis-à-vis des entreprises privées et publiques, le chef du FCE a eu cette réponse: «Nous refusons la dichotomie public-privé. Malheureusement, beaucoup d'indices montrent des comportements qui maintiennent une certaine discrimination. Nous allons transmettre un dossier au gouvernement retraçant toutes les discriminations. L'administration continue d'avantager les entreprises publiques au détriment du privé. » Interrogé sur l'endettement des entreprises, l'invité de la radio rappelle que lors de la dernière tripartite, le gouvernement a décidé de participer au rééchelonnement des créances bancaires des PME confrontées à des difficultés de remboursement. Le gouvernement encourage les banques à rééchelonner les créances des entreprises en difficulté avec un différé de trois ans durant lesquels le Trésor public prendra en charge les intérêts. La banque créancière procédera ainsi à l'annulation des agios réservés à

l'entreprise bénéficiaire du rééchelonnement. Cette mesure ne sera appliquée qu'aux entreprises qui ont encore une chance de survie. Les entreprises candidates à cette aide doivent être viables et susceptibles de rebondir. La dernière Tripartite a décidé de mettre en place plusieurs commissions chargées de traiter les dossiers d'aides aux PME. Les aides consistent, entre autres, à rééchelonner les dettes, effacer les agios et prendre en charge les intérêts intercalaires des entreprises. Le Trésor public participe à la bonification des crédits d'investissements aux petites et moyennes entreprises.

Enfin, M. Hamiani confirme qu'il se présentera comme candidat à sa propre succession pour briguer un autre mandat de deux ans à la tête du FCE, mettant en avance la nécessité pour son association de «maintenir une stabilité».