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Chouiya bezzaf

par El-Guellil

Où êtes-vous partis, partis subventionnés ? Où êtes-vous cachés, députés ? Vos silences sont aussi monstrueux que vos salaires. Sénateurs, la rue vous salue. Où êtes-vous orateurs de la réconciliation qui avez sillonné toutes les contrées prêchant la sagesse, où êtes-vous quand c'est la miche de pain qui prend la parole sur la seule tribune : la rue.

 Les ikhouani akhaouati que vous interpelliez à l'entame de vos mielleux discours sont embarqués dans le même car.         Ils ne voient pas la destination... Au fait, connaissez-vous ceux qui, par besoin, mettent leurs reins en vente? Ceux qui font la chaîne pour «donner» leur sang en échange d'un sandwich. Les compressés, les liquidés, les laissés-pour-compte, les délinquants, les sans-logis, les retraités, les rétractables, les jetables, les irrécupérables...

 Ceux qu'on a affamés, ces ventres vides qui n'ont plus d'oreilles, qui n'entendent pas, qui n'écoutent plus. Ceux que l'on maintient sous perfusion. Ceux qui chantent à «tue-tête». Ceux qui n'ont pas fini d'applaudir. Tous ces jeunes qui se trimbalent toute la journée, avec des écouteurs enfoncés dans les oreilles. Les voyantes, les mendiants, ceux qui ne pensent pas à demain et tendent la main.

 Au moment où des lois sont votées pour nationaliser la parole au lieu de rationaliser les faits. La rue s'adresse à ceux qui sont nés dans les affiches, ceux qu'on affiche à chaque anniversaire. Ceux qui ont construit des mythes en tuant les repères.           Ceux qui n'ont de repère que la bonne affaire.

 Ceux qui veulent franciser les pleurs et arabiser le sourire. Ceux qui rient sous cape et qui sont nés sur notre dos, les mains dans les poches des banques publiques et qui ont juré de ne jamais les retirer, tant qu'il y aura quelque chose à tirer.