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Du cuivre iranien pour les dinandiers

par A. Mallem

Les artisans algériens sont-ils arrivés au bout de leur peine ? A en croire le directeur de la Chambre des arts et métiers (CAM) de Constantine, M. Kacem Hassan, des décisions pour venir en aide aux différents métiers de l'artisanat et relancer le secteur ont été prises dernièrement par le ministre de tutelle. En effet, selon ce responsable qui s'est exprimé jeudi dernier dans l'émission «Préoccupations» de la radio régionale de Constantine, le problème de l'approvisionnement en cuivre de bonne qualité des dinandiers est sur le point d'être réglé.

«Le ministre du Tourisme et de l'Artisanat a annoncé dernièrement, à l'occasion de la tenue du salon de l'habillement à Tamanrasset, que l'Algérie vient de signer un accord avec l'Iran pour importer de ce pays cette matière première indispensable aux dinandiers », a déclaré M. Kacem. Il ajoutera en précisant que ce pays, avec la Syrie et la Turquie, est réputé pour la qualité de son produit qui répond aux normes exigées par les dinandiers.

Parmi les autres nouveautés annoncées par le directeur de la CAM au profit des artisans, toutes catégories confondues, on notera la mise en place d'un dispositif de crédit pour la création de petites entreprises, qui viendra en appoint à celui en vigueur à l'Ansej, l'Angem, etc. La décentralisation de l'étude des dossiers d'achat des équipements, qui se fera désormais au niveau local, la création d'un site web au niveau de la CAM, qui abritera une banque d'informations et de données pour aider et assister certains artisans à trouver des débouchés à leur production et à obtenir des marchés auprès des entreprises nationales, notamment celles du secteur de la construction et de l'habitat.

Ce responsable a cité d'autres projets, non moins importants, qui seront menés en coordination avec la tutelle, entre autres la demande aux planificateurs d'intégrer le secteur de l'artisanat dans tout projet de développement, la suppression des taxes douanières pour faciliter aux artisans l'importation de la matière première et encourager l'exportation des produits de l'artisanat, et enfin la création à proximité des sites touristiques, de quartiers et de villages de l'artisanat.

Arrivé à ce point, le débat a connu une certaine animation grâce aux interventions des auditeurs et, surtout, des artisans eux-mêmes qui ont appelé au téléphone. Ces derniers n'ont pas manqué de déplorer que le site du terrain Tannoudji, à la cité Emir Abdelkader, retenu auparavant pour la création d'une maison et d'un musée de l'artisanat, soit réaffecté pour un autre projet d'implantation d'une résidence d'Etat et ont souhaité que l'éventuel nouveau site soit retenu à Bardo sur le terrain libéré par la destruction des bidonvilles, à Zouaghi ou bien au centre commercial de Daksi.

 Mais le directeur de la CAM a tenu à les rassurer que ces projets n'ont pas été annulés. «Ils sont maintenus et les enveloppes financières sont toujours disponibles», dira M. Kacem, tout en ajoutant que les autorités sont à la recherche d'un autre site. Le débat sera relancé de plus belle et un artisan dinandier appellera pour dire : «On n'accorde pas d'intérêt à l'artisan qui souffre et lutte seul pour éviter que son métier ne disparaisse».

Ce dernier a estimé que le site actuel du Bardo ne convient plus aux dinandiers. Le directeur de la CAM lui répond en disant: «Je suis contre la délocalisation du site du Bardo qu'il ne faut pas abandonner, mais plutôt réaménager car l'endroit présente l'avantage d'être situé sous le nouveau pont Transrhumel en même temps que le pont de Sidi-Rached, deux monuments de la ville des rochers, donc deux atouts touristiques de premier plan».

On abordera ensuite le problème crucial de la formation et M. Kacem annoncera que ce volet est pris en charge par la CAM. Il finira en demandant aux artisans de se constituer en associations pour agir efficacement afin de régler les problèmes auxquels ils sont confrontés.