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La République mal en point

par Kharroubi Habib

La République est mal en point. Elle est entre les mains d'un personnel dirigeant qui, pour préserver son pouvoir, est capable d'aller aux pires extrémités. Peu lui importe l'avenir de la nation, son prestige sur la scène internationale, quand ses intérêts sont en jeu. Les scandales qui éclaboussent le pays éclairent sur la décrépitude dans laquelle est l'Etat dont il assume la direction.

 C'est le règne du «Tag ala men tag», des coups fourrés et foireux et de la rapine sans retenue. Avec ces affaires de corruption qui éclatent de partout et au plus haut niveau de l'appareil d'Etat et dans des institutions stratégiques, l'Algérie est la risée du monde. Personne n'est dupe des raisons du nauséabond déballage qui a cours actuellement dans le pays et surtout pas celle qui veut faire croire à une opération de salubrité et d'assainissement dans les rangs de ce personnel dirigeant.

 La seule opération du genre à laquelle les Algériens croiront, c'est celle que les tireurs de ficelles du lamentable spectacle qui se joue dans le pays sur toile de révélations sordides, aient un sursaut de patriotisme et cèdent la place. Ce qui est loin d'être leur intention. Ce qu'ils nous déroulent est au contraire la preuve qu'ils s'accrochent au pouvoir, même si pour cela leurs coups bas sapent les fondements de la République.

 Jamais depuis l'indépendance, la dignité et la fierté des Algériens n'ont été aussi blessées qu'elles le sont en ces récentes dernières années. Tout va à vau-l'eau dans le pays, sauf la corruption et la prédation qui sont élevées au rang d'art de gouverner.

 L'erreur serait de croire qu'il existe des centres de pouvoir qui ne sont pas gangrenés par ces fléaux et seraient de ce fait déterminés à les combattre. L'Algérie n'est plus qu'une vache à lait que ces sphères traient sans vergogne.

 Ce n'est pas l'étranger qui va s'apitoyer sur son sort, car il trouve son compte dans l'affaire. Cette vache à lait étant suffisamment productrice pour assouvir la gargantuesque faim de ses ogres de l'intérieur qui la pompent, que la sienne tout aussi insatiable. Il ne faut pas par conséquent s'étonner qu'au niveau tellement bas dans lequel se vautre notre personnel dirigeant, ceux de l'étranger continuent à lui prodiguer considération officielle et éloges louangeuses. Peu importe aux chancelleries et milieux d'affaires étrangers qui l'emportera dans la lutte pour le pouvoir que se font ses clans. Les révélations de corruption à laquelle elle donne lieu feront que, quel que soit le clan vainqueur, il sera entaché du discrédit que cette corruption jette sur l'ensemble de la classe politique dirigeante de l'Algérie. Le pays n'en sera que plus fragilisé et ouvert aux desseins politiques et économiques que ces chancelleries et milieux d'affaires étrangers veulent y réaliser.

 Le pouvoir corrompt mais il rend fou aussi. L'Algérie en fait la sinistre expérience. D'où et comment viendra le sursaut salvateur qui mettra fin à la coupe réglée dont ses institutions, ses richesses et ses finances font l'objet de la part d'un personnel dirigeant qui a perdu toute mesure et tout sentiment patriotique ? Là est la question que les forces vives de la nation (il en existe heureusement) doivent se poser. Le silence et l'indifférence devant la confiscation et la prédation qui font de l'Algérie une vulgaire république bananière, sont autant criminels en cette situation de tous les dangers dans laquelle la nation se trouve.