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Sommet de Copenhague: Apocalypse now

par Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

Quand les scientifiques rejoignent, des siècles après, les prédications des prophètes, il ne reste à l'humanité qu'une seule alternative: le partage et la justice. Sinon, rencontre au jugement dernier.

 L'humanité s'interroge sur sa survie. Est-ce la fin ? Cyclones, ouragans, sécheresse, fin de cycle des saisons prédisent les meilleurs scientifiques et chercheurs sur le climat. Ils ne sont pas seuls, ils ont même des prédécesseurs d'une autre nature: les religions. Les Ecritures - saintes - prédisent depuis des siècles une fin de cycle, la fin des temps, le déluge. A Copenhague, les hommes réussiront-ils à influer sur la destinée de la planète terre ? La science (et la conscience) humaine démentira-t-elle l'oracle des Livres et des prophètes ? Au commencement de ce troisième millénaire, la science et la communication ont brisé bien des tabous, réduit le temps, les distances et l'espace et font désormais à leur tour dans la... prédication.

 Le pari de Copenhague n'est pas seulement la lutte contre le réchauffement climatique. Il est, quelque part, une reconquête (ou une tentative de reconquête) de l'homme de sa propre destinée. Cette dernière est inséparable du lieu de son habitation: la Terre. Mais ce lieu d'habitation commune aux hommes n'a pas été et n'est pas occupé et entretenu de la même manière depuis, justement, le passage au 19ème siècle des société occidentales du stade agraire (ou agricole) au stade industriel et commercial. L'Occident ne cesse depuis le 19ème siècle de s'accaparer de plus d'espaces (notamment par la colonisation) et d'en exploiter jusqu'aux tréfonds les moindres endroits de cette terre pour plus de richesses, plus de pouvoir jusqu'à saturation et surtout aux dépens de peuples et civilisations autres que la sienne, poussant parfois sa soif de domination jusqu'au génocide d'autres peuples.

 Copenhague sonne-t-il la réconciliation entre l'Occident surdéveloppé, riche, puissant et les pays pauvres d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine et d'ailleurs ? C'est possible à condition d'une juste répartition des charges et une juste redistribution des richesses accumulées sur le dos des faibles et perdants de la révolution industrielle. 10 milliards de dollars par an pour aider les pays pauvres sont proposés dans l'avant-projet de Copenhague. Soit l'équivalent du budget d'un land allemand ou de deux régions françaises ! Pour faire dans l'illusion, on annonce le chiffre cumulé pour les 10 prochaines années: 100 milliards de dollars. Qu'importe le chiffre, c'est la faute avouée de l'Occident qui nous intéresse. L'Occident reconnaît qu'il est le premier et le seul auteur d'une possible apocalypse pour l'humanité. C'est déjà un pas pour un juste verdict et une juste réparation des dommages subis par les hommes des pays pauvres d'abord, et par la nature terre ensuite. Nous sommes, Occident surdéveloppé et reste du monde, face au même futur: vivre ensemble dans l'équité et la modération ou disparaître ensemble. Avec cette différence que cela dépendra avant tout de l'intention réelle des plus riches de cette planète.

 Si par malheur Copenhague sera un Kyoto bis, ou si ce Sommet mondial pliera devant l'appétit des multinationales, les groupes de pression industriels et les égoïsmes des peuples occidentaux, alors on ira tous au jugement dernier. Les prophètes et les Ecritures auront eu raison face à la science. Parce que par quelque bout que l'on prend la question de la sauvegarde naturelle de la planète, nous ne pouvons éviter la question de l'équilibre, du partage, de la modération dans la consommation et de la justice entre les peuples qui l'habitent. Parce qu'au bout l'homme ne fait rien d'autre depuis sa naissance que courir pour un retour au paradis duquel il fut renvoyé. Parce qu'au paradis il était éternel et heureux. Libre. Copenhague est aussi un pari pour la liberté... partagée.