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Trafic maritime: Le cap change

par Salah C.

Après un délai de 3 mois accordé aux concessionnaires afin de s'adapter aux nouvelles mesures prises en juin dernier en conseil interministériel, la réorientation du trafic maritime, notamment les marchandises non conteneurisées et qui prévoit entre autres de spécialiser les ports de Djendjen (Jijel), Mostaganem et Ghazaouet pour les voitures, entrera en vigueur à partir d'aujourd'hui.

   Cette mesure concerne également les navires transportant les cargaisons de rond à béton et bois, les produits alimentaires et les marchandises diverses non conteneurisés.

   Quant aux ports d'Oran, Béjaïa, Annaba, Skikda, Arzew et Ténès, ils sont appelés à traiter les autres catégories de produits importés par voie maritime avec cependant une plus grande spécialisation pour les ports d'Arzew et de Skikda pour les hydrocarbures et celui de Annaba pour les produits sidérurgiques. Dans son argumentaire, le département ministériel de Amar Tou indique que cette disposition a été initiée dans le but de désengorger le port d'Alger, marqué par un allongement de la durée à quai des navires et une importante rade qui se traduit par des impacts extrêmement pénalisants pour l'économie, notamment par le taux de fret et primes d'assurances élevées, des taxes de congestion et des surestaries et ce en dépit de la création d'un port à sec à Rouiba. Les chiffres officiels avancés à ce sujet font état de quelque 70 navires maintenus, d'une manière journalière, en rade et à quai et dont le coût est estimé à 700 millions de dollars par an.

 Le port de Djendjen recevra le 3 octobre son premier car-carrier à son bord 400 véhicules d'un constructeur sud-asiatique. L'annonce a été faite le 18 septembre dernier par Mohamed Athmane, le directeur général de l'entreprise portuaire, en attendant un nouvel arrivage de 900 véhicules prévu une semaine après. Au niveau de la même enceinte portuaire, une aire d'accueil d'une superficie de 8 à 10 ha est fin prête pour recevoir 3.000 véhicules. Cette nouvelle activité dévolue au port de Djendjen qui après plusieurs années demeure sous-exploité est considérée comme une bouffée de sauvetage pour ses responsables qui ont aménagé un quai de 200 mètres linéaires susceptibles de recevoir les car-carriers d'un tirant pouvant atteindre 11,5 m.

 En revanche, tout le monde n'est pas du même avis. La mesure a été mal accueillie par les concessionnaires, dont certains sont domiciliés au port d'Alger depuis plusieurs années et qui ont approché le ministère des Transports sollicitant le report de l'application de cette mesure. Mais le ministère a maintenu son délai et a contraint les importateurs de véhicules à se rendre au niveau des ports qui leur ont été désignés.

 Concernant le port de Mostaganem, si des opérateurs reconnaissent que sa position géographique demeure idéale, il n'en demeure pas moins que son étroitesse et son tirant d'eau posent problème. Du coup, les navires devront séjourner en rade plus longtemps, estiment des concessionnaires. En d'autres termes, le port de la capitale de la Dahra qui a une vocation mixte à savoir pêche et commerce, risque d'être à l'étroit vu que même la flottille de pêche dépasse de loin les capacités du port. En plus de ces deux handicaps, il a été relevé le manque d'espace de terre-pleins d'où la nécessité aux gestionnaires de cette enceinte portuaire de se rabattre sur des opérations de resserrage et de gerbage. Enfin, il est relevé que ce port se caractérise par la durée de prélèvement des marchandises allant jusqu'à 10 jours alors qu'au Maroc et en Tunisie, elle n'est respectivement que de 5 et 4 jours.

 Ces appréhensions se sont avérées fondées, argumentent certains. Et de souligner que la première opération de la réception du premier car-carrier à son bord 360 véhicules effectuée le 15 septembre dernier a connu quelques déboires notamment avec le temps de dédouanement qui a duré plus longtemps que quand cette opération s'effectuait au port d'Alger. D'autres cosignataires appréhendent l'hiver avec des retards dans l'accostage qui seront engendrés par l'occupation des quais par les bateaux de pêche cloués au port en raison du mauvais temps.