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El-Tarf: Le cri d'alarme des producteurs de tomate

par A. Ouelaâ

Période propice pour le lancement de la campagne de culture de la tomate industrielle, le mois de mars est loin de susciter l'engouement qui lui sied, tant auprès des agriculteurs que des conserveurs, cette filière n'ayant pas cessé de battre de l'aile ces dernières années.

En effet, avec pas moins de 10.000 ha cultivées de 1997 à 2005, sept conserveries à travers les communes de Besbès, Zerizer, Echatt, Ben M'hidi et Boutheldja, 52% des besoins nationaux en concentré de tomate et des centaines de postes d'emploi directs et indirects, la filière de la tomate, pour de multiples raisons, est loin de sortir des obstacles qui la minent, augurant, au train où vont les choses, un avenir des plus catastrophiques dans une région où la culture de la tomate industrielle était considérée comme la reine des cultures.

Qu'on en juge. Des presque 12.000 ha cultivés, les surfaces consacrées à cette culture se sont rétrécies pour atteindre à peine 2.500 ha. Les agriculteurs diront qu'ils ont énormément perdu, jusqu'à connaître la faillite pour certains d'entre eux, avec des créances détenues auprès de certaines conserveries et les inévitables recours à la justice.

Même l'année passée, leur production n'a pas trouvé preneur et ils ont dû pour certains se débarrasser d'une partie de leur production à cause des conserveries pour la plupart fermées.

D'autres ajouteront que même les mesures incitatives introduites depuis deux ans avec les 10.000 dinars à l'hectare, travailler dans toutes ses phases jusqu'à la prime sur la production livrée à la conserverie, au regard du cahier des charges à satisfaire, est loin d'être suffisant vu la dynamique voulue à un secteur qui agonise. Pour l'association des conserveurs de tomates, c'est le dépit total et un avenir des plus incertains qui se profile à l'horizon. En effet, estiment nos interlocuteurs, pionniers dans l'agro-alimentaire, «investir et rester dans son pays, c'était leur credo». Aujourd'hui, la quasi-totalité des conserveries sont fermées et n'ont pas fait campagne l'année passée. Seulement dans la wilaya d'El-tarf, sur les sept conserveries existantes, dont les deux plus grandes (celles des Aurès à Besbès et El-Bourten à Zerizer, qui produisaient 3.500 t/jour de concentré de tomate, seulement deux petits conserveries ont fait campagne.

Toutes leurs démarches vers les responsables à différents niveaux pour leur venir en aide sont restées vaines. Leur faillite est due à la concurrence déloyale de la vente à perte et des AGO bancaires. En ce sens, ils attendent un geste du premier magistrat du pays pour au moins voir des banques effacer deux à trois années de ces AGO. Côté services agricoles, c'est le traintrain de chaque année, avec la sensibilisation des agriculteurs sur cette campagne.

Pour le président de l'UNPA d'El-Tarf, «avec le règlement de certains problèmes des agriculteurs et des conserveurs qui inhibent quelque peu le devenir de cette filière stratégique, il sera attendu une véritable relance de cette filière dans les années à venir».