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Le taux de couverture ne dépasse pas les 6 %: L'assurance contre les catastrophes naturelles boudée

par J. Boukraâ

Devenue une obligation depuis le 1er septembre 2004 et ayant pour objectif de combiner entre la solidarité et l'aide de l'Etat, d'une part, et les garanties de l'assurance d'autre part, la souscription à l'assurance contre les risques naturels a du mal à se faire une place, aussi petite soit-elle, parmi les différents produits que proposent les assureurs. Dans la région d'Oran, connue comme étant sismique et en dépit des menaces sur l'immobilier, notamment le vieux bâti, le taux de couverture par l'assurance Cat/Nat ne dépasse pas les 6 % pour un parc de logements estimé à 302.980 unités selon les dernières statistiques de l'ONS. Selon Melle Cherifi, chef de service d'assurance sinistre, risque industriel et risque simple auprès d'une agence de la Compagnie algérienne d'assurance et de réassurance (CAAR) à Oran, «pour les citoyens, cette assurance est un non évènement, s'ils s'assurent, c'est parce qu'il y a obligation, surtout que l'attestation d'assurance portant la garantie ?catastrophe naturelle' est exigée par les notaires lors des transactions de vente, de transfert ou de location des biens. L'assurance Cat-Nat est aussi exigée par l'administration fiscale lors des déclarations fiscales». Une amende de 120 % de la prime initiale sera exigée à toute personne qui ne se sera pas acquittée de cette nouvelle obligation. Notre interlocutrice affirme que «pour l'année 2008, seulement une centaine de contrats d'assurance Cat-Nat ont été conclus par son agence. Le nombre des citoyens qui ont assuré leurs habitations sans se sentir obligés (sans transaction) n'a pas dépassé la trentaine. Cette année, une vingtaine de contrats ont été conclus, la majorité par obligation». En 2008, Oran a tremblé deux fois. Mais tout semble dire que la leçon des inondations de Bab El-Oued et du séisme de Boumerdès n'a pas été bien apprise. On assiste également dans notre pays à des inondations dans différentes régions qui, jadis, ne connaissaient pas ce phénomène naturel.

Par ailleurs, si les recettes qui proviennent des assurances contre les catastrophes naturelles ne dépassent pas les 4 % du taux global récoltés du secteur des assurances, les spécialistes estiment que «la capacité du secteur de l'assurance à supporter le coût des sinistres occasionnés par une éventuelle catastrophe naturelle majeure est, actuellement, bien plus limitée qu'on pourrait le penser». «Trop de paperasses pour un produit qui ne rapporte pas beaucoup», estime un agent d'une compagnie d'assurance privée. «Pour un seul contrat, il faut au moins 40 minutes de travail et dans certains cas, la prime d'assurance ne dépasse pas les 400 DA». «D'autres assureurs s'entête à exiger un acte de propriété alors que le citoyen peut assurer la maison où il habite même si il n'a pas d'acte de propriété», ajoute le même agent.

D'autre part, et selon une étude élaborée l'année dernière pour le compte du Conseil national des assurances (CNA), sur un échantillon de 1.500 chefs de ménage (des wilayas de Chlef, Annaba, Djelfa, Biskra, Oran, Blida, Boumerdès et Alger) et de 300 agents de compagnies d'assurance en Algérie, 10,3 % des ménages ont souscrit à cette assurance. Concernant les facteurs à l'origine de la désaffection à ce type d'assurances, 35 % des propriétaires évoquent les raisons économiques, 30 % pour ignorance du caractère obligatoire de cette police d'assurance, 25 % pour raisons personnelles, 20 % pour déficit de crédibilité en les compagnies d'assurances et 15 % en raison de la précarité et de l'instabilité résidentielle. Pour rappel, cette obligation a été instaurée depuis le 1er septembre 2004, suite à la promulgation de l'ordonnance 03-12 du 26 août 2003.