Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Comment lire dans les yeux de l'avenir ?

par El-Houari Dilmi

L'avalanche de mauvaises nouvelles quant au mauvais état des plus grandes économies de la planète ne fait, paraît-il, que commencer. Le grand fond est donc loin d'être atteint avec, selon l'expression en vogue, «des dégâts collatéraux» non mesurables sur la majorité des peuples dans le monde entier. Alors, comment se préparer à faire face à l'apocalypse qui s'annonce, surtout pour des pays engagés en plein effort de (re) construction économique, et l'Algérie en fait évidemment partie ?

L'inquiétante perspective désormais probable, à en croire des experts et spécialistes des questions énergétiques, d'une dégringolade du prix du pétrole, jusqu'en dessous du seuil fatidique de trente dollars le baril d'ici au début du deuxième trimestre de l'année en cours, du jamais vu depuis fort longtemps, fait peser une menace sérieuse sur la poursuite de l'exécution de l'ambitieux programme d'investissements public (PIP).

Les pouvoirs publics, en pleine lancée dans un effort herculéen de développement tous azimuts, risquent bien de se voir stoppés net dans leur élan avec une conjoncture économique internationale des plus défavorables et une crise, partie pour s'installer dans la durée. La conjonction d'échéances politiques importantes trop proches et l'ambition, qui peut paraître aux yeux de certains, comme fort défendable, de ne pas laisser à Pierre l'avantage de «siphonner» le travail battu à coups de grosses suées par Paul, confère à cette pérode de pré-campagne une allure de «guerre de position» qui risque, il faut le craindre, d'engager le pays dans une fausse route.

Et, même si l'on (r) assure que les disponibilités financières du pays pourraient «tenir» jusqu'à une échéance, pour d'aucuns optimistes, de deux années, force est de reconnaître que rien n'est moins sûr au vu de la vitesse de propagation de la crise économique et financière, et les prévisions alarmantes pour l'année qui vient de commencer.

Notre Economie monoexportatrice et qui risque, du coup, de pâtir gravement de la chute drastique des cours des matières premières, à commencer par l'or noir, place le pays dans une posture qui pourrait bien, à tous points de vue, ressembler à celle du milieu des années quatre-vingt. Pas seulement en termes de tarissement rapide des moyens de paiement extérieurs, mais surtout, avec ce risque de retomber dans la spirale de l'endettement (interne et externe) et tout ce que cela suppose comme conséquences négatives sur le développement du pays. La conjoncture actuelle, certes marquée par une amélioration encourageante des équilibres macroéconomiques, si elle met le pays à l'abri (des contrecoups sociaux surtout) pour quelque temps encore, n'en met pas pour autant les trente-cinq millions d'Algériens à l'abri de mauvaises surprises, à court comme à moyen termes.

Parce que les scénarios les plus optimistes ne tablent pas sur un redécollage effectif de l'économie mondiale avant l'horizon 2011-2012, et donc, une augmentation substantielle de la demande en énergie fossile, véritable nerf de la guerre de l'Algérie, veiller à ne pas se montrer trop dispendieux est, certes, la moindre des circonspections à observer scrupuleusement.

Mais, comment se résoudre à une telle «retenue», pourtant vitale en ces temps de disette, lorsque les besoins essentiels des populations restent encore gigantestques et des retards importants à rattraper dans nombre de segments vitaux de l'économie nationale ? Aussi vrai que la sagesse populaire bien de chez nous (la première loi économique en fait), qui voudrait que celui qui se prive de viande pendant un mois garantit son «blé» pour toute l'année qui suit. A l'échelle d'un pays, la devise vaut le coup d'être méditée, tout en pensant comment léguer à nos enfants un pays au dos pas trop voûté par ses propres contradictions !