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On n'arrête pas de se demander pourquoi toutes ces peaux de
banane jonchent les couloirs des hautes sphères. Qui de nous ne s'est pas
demandé pourquoi des amis de longue date peuvent s'entre-tuer pour une
promotion, une place au soleil. Dans un même parti, des types qui défendent les
mêmes idées magouillent et chacun veut être au sommet. Si ce n'est pas la
députation, c'est le sénat. Si ce n'est pas la mairie, c'est l'Assemblée de
wilaya. El guirra est partout. Qui sera le président de tel syndicat ? Qui sera
nommé à la tête de telle entreprise ? C'est en lisant cette fable adaptée de
sieur De La Fontaine, que j'ai un peu compris. On l'appellera le «corbeau et la
gnina».
Le corbeau sur un arbre était perché à ne rien faire toute la journée. Un lapin, ou une gnina, voyant ainsi le ghrab, l'interpelle et lui dit aussitôt: «Moi aussi comme toi, puis-je m'asseoir et ne rien faire du matin jusqu'au soir ?». Le corbeau lui répond de sa branche: «Bien sûr, amie à la queue blanche, je ne vois pas qui pourrait empêcher le repos de la sorte recherché». Blanche gnina s'assoit alors par terre et, sous l'arbre, reste à ne rien faire ; tant et si bien qu'un renard affamé, voyant ainsi le lapin somnoler, s'approcha du rongeur en silence, et d'une bouchée en fit sa pitance. Moralité: pour rester ainsi à ne rien faire, il vaut mieux être haut placé. Il y va ainsi de nous autres. «Moi je trime toute la journée, pour que les autres la mangent bel messak, alors je ne vois pas pourquoi je m'épuise à l'oeuvre». C'est valable dans tous les domaines. Ainsi, on s'est tous retrouvés assis sous la lumière des torchères, à somnoler et à nous raconter des histoires, jusqu'au jour où, épuisés par la famine, on se réveillera rampants. |
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