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Béni Saf: Le cri de détresse de la petite Halima

par Mohamed Bensafi

Elle s'appelle B. Halima, elle a à peine 11 ans et elle pèse déjà 116 kg. L'enfant est, depuis au moins 4 années, atteinte d'une maladie très rare. Selon son dossier médical, l'enfant présente un hamartome dans la région hypothalamique. La maladie touche la région du cerveau. Souffrant d'un déséquilibre hormonale et Halima augmente sans cesse de poids. Ses médecins traitants souhaitent la transférer à l'étranger pour une meilleure prise en charge et éventuellement être opérée. Le service de neurochirurgie du CHU de Toulouse (France) s'est porté disposé à accueillir l'enfant. Néanmoins, il a fait savoir dans un message envoyé en septembre 2006, qu'il souhaite pouvoir disposer d'un complément d'imagerie, précisément un scanner cérébral sans injection de produit de contraste et une IRM injectée. Le second type de radiographie pose un problème à Halima. Lors de cette séance, le radiographié devra passer, en position allongée sur le dos, à travers le tunnel de la machine. La séance dure environ 25 mn. Cependant pour Halima, se tenir dans cette position est un véritable calvaire. Les douleurs les plus atroces se réveillent sur toutes les parties de son dos. D'ailleurs, depuis plus de deux années, la nuit elle est soit sur le côté ou sur le ventre. Le seul moyen, diront les cliniques, c'est de l'endormir (l'anesthésier) mais le risque encouru a très souvent pesé sur la décision de ces dernières. En 2 ans, le dossier médical de sa fille sous les bras, son père a parcouru tous les hôpitaux et toutes les cliniques du pays. Un seul établissement a fini par accepter. Résultat, les médecins ont demandé confirmation, synonyme d'une seconde IRM. Alors pour le père, c'est le cauchemar qui reprend. Cette fois-ci, aucune clinique n'a donné de suite. Le risque d'anesthésier la malade était, cette fois-ci, devenu plus lourd. Une fois, on a même trouvé Halima trop volumineuse pour passer à travers le tunnel. On a proposé au père de patienter jusqu'à l'acquisition d'un nouveau matériel de 3e génération où la séance de radiographie ne durerait que quelques secondes, que Halima devrait tenir le coup sans passer par l'anesthésie. Depuis, le père ne sait plus quoi faire. S'il doit attendre ce matériel ou continuer à frapper aux portes des cliniques pour obtenir le OK pour une IRM à Halima avec recours à l'anesthésie. Le temps passe, à la défaveur de Halima qui voit chaque jour sa maladie se compliquer, ses chances de guérison se réduire et son poids croître. En six mois, elle aura pris presque 60 kg. Elle souffre énormément. Ses parents occupent un appartement dans un immeuble et on devine toute la difficulté pour déplacer leur fille jusqu'au rez-de-chaussée quand une ambulance ou une voiture l'attend pour une destination médicale. Son père, retraité de la police, n'arrive toujours pas à trouver les finances nécessaires pour se déplacer jusqu'à Alger où, paraît-il, le dossier de sa fille stagne. L'affliction a non seulement gagné toute la famille mais aussi le voisinage et ses camarades de classe. Chaque jour, ils sont une dizaine, filles et garçons, à lui rendre visite. «Halima a été toujours la plus gentille de nous toutes», diront souvent les filles. L'association «El-Rafik» (le compagnon) de Béni Saf s'est mobilisée aux côtés de Halima. Cette association, à caractère social et humanitaire, apporte une assistance sanitaire et une prise en charge psychologique à Halima et sa famille. Pour que l'espoir de Halima ne s'éteint pas, dira un de ses bénévoles.