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Les risques d'un choix cavalier

par Moncef Wafi

Si les mises en garde des économistes et analystes algériens n'ont pas convaincu le Premier ministre de ne pas recourir à la planche à billets, le FMI vient de critiquer ce choix avertissant que «toutes les expériences dans le monde ont montré que ce n'est pas la meilleure solution». Face aux réserves soulevées par les spécialistes algériens, Ouyahia avait tenu à rassurer sur la pertinence de son choix d'opter pour un financement non conventionnel, ne prêtant aucune oreille aux remarques pourtant objectives des adversaires de cette solution. Avant le FMI, la Banque mondiale avait déjà sévèrement critiqué l'orientation économique du gouvernement algérien vers la planche à billets. Selon son rapport, ce choix risque de provoquer une véritable catastrophe puisqu'il impactera très négativement la situation économique et sociale du pays. Les prévisions de la BM estiment que le taux d'inflation va connaître une explosion et le PIB continuera de baisser passant de 3,8% en 2014 à 3,7% en 2015, puis 2,2% en 2016 pour atteindre 2% en 2017 et 1,5 en 2019.

Au-delà des chiffres pessimistes des voix spécialisées, ce qui peut choquer c'est cet entêtement du gouvernement à faire cavalier seul, prenant des décisions cruciales pour l'avenir du pays sans en référer à qui de droit. Les critiques des institutions de Bretton Woods sont claires, seront-elles prises en considération ? Ces œillères officielles portent en elles une menace sur la stabilité même des institutions nationales et représentent un danger réel sur l'économie algérienne. Devant les conséquences de la crise et de la mauvaise gestion des différents gouvernements qui se sont succédé, on ne pouvait décemment pas reprocher à Ouyahia de prendre des décisions pour faire bouger les choses. Pourtant, ces dernières sont discutables à plus d'un titre, selon les économistes. On est loin du discours byzantin de l'opposition et les reproches sont construits sur un raisonnement scientifique implacable.

Le Premier ministre donne l'impression, en ne prenant pas en compte les avis contraires qui appellent à la réflexion approfondie et aux échanges avant toute prise de décisions unilatérales, de privilégier la fuite en avant. Fidèle à son image, il écarte d'un revers de la main les conseils et les mises en garde, préférant la solution de facilité quitte à hypothéquer l'avenir du pays. Le message de Ouyahia est simple à décortiquer : trouver une solution pour aujourd'hui et demain est un autre jour.