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Un objectif commun

par Abdelkrim Zerzouri

La Russie vient de joindre sa voix à celle de l'Algérie en plaidant pour l'élargissement du Conseil de sécurité à d'autres pays du Sud global. Un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères, publié ces derniers jours, considère que l'Occident est surreprésenté au sein du Conseil, contrairement à d'autres régions qui attendent jusqu'à deux ans pour y élire un représentant temporaire. La Russie a toujours soutenu l'idée d'élargir le Conseil en y incluant des pays en développement d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique, a indiqué le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, précisant que la représentation actuelle de l'Afrique au Conseil de sécurité «ne correspond en aucun cas au nombre total d'États sur le continent ni à leur rôle dans les affaires internationales aujourd'hui». Une injustice historique qu'il faut corriger envers ce continent, estime la Russie. Bien évidemment, il faut tenir en compte que cette injustice traduit une spoliation des droits des Africains par le colonialisme, parce que dans le temps, l'Afrique n'avait pas son destin entre ses mains, mais les choses ont changé après la libération des pays africains du joug du colonialisme, et le changement doit en toute logique atteindre l'ONU et son Conseil de sécurité, où le continent africain reste sous-représenté. Exactement le même plaidoyer de l'Algérie, qui a été élue le 6 juin 2023 comme membre non permanent au Conseil de sécurité pour un mandat de deux ans, entamé en janvier 2024. Toutefois, la vision de l'Algérie à propos de la réforme du Conseil de sécurité va au-delà de son élargissement. C'est ce qui a été réaffirmé par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, en février 2024, dans son allocution lors de la réunion du Comité des Dix de l'Union africaine (UA) sur la réforme du Conseil de sécurité à Addis-Abeba. Relevant l'engagement de l'Algérie à contribuer «en toute sincérité et loyauté» aux efforts collectifs visant à mobiliser davantage de soutien international à la position africaine commune pour la réforme du Conseil de sécurité, tout en appelant à un projet de réforme «globale, équilibrée et intégrée» pour cet appareil onusien, qui va au-delà de l'élargissement de la qualité de membre. Dans ce sens, il y a lieu de traiter toutes les injustices qui planent sur les activités du Conseil, dont la révision du droit de veto, soit l'accorder à plus de pays ou son annulation pure et simple afin de donner au Conseil une dimension réellement démocratique, ainsi que l'obligation de l'application de toutes ses décisions par les pays membres. La réforme du Conseil de sécurité de l'ONU est un objectif commun pour de nombreux pays, et la 12e réunion ministérielle du Comité des Dix de l'Union africaine (UA), qui se tiendra en juin prochain à Alger, sera une occasion pour approfondir le débat sur le sujet. Mais il s'agit surtout de sonder les moyens pour faire passer cette réforme à laquelle aspire la communauté internationale mais qui rencontre des obstacles difficiles à franchir pour la matérialiser. Quels obstacles ? Les résistances de ceux qui usent et abusent du pouvoir absolu au sein du Conseil de sécurité.