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Un sommet pour qui et pourquoi ?

par Abdelkrim Zerzouri

Un «Sommet de la démocratie» se tient à Séoul, la capitale sud-coréenne, du 18 au 20 mars, dans un environnement mondial marqué par des conflits sanglants, où l'on retrouve aux premières loges les pays chantres de la démocratie. «Un sommet de la démocratie» pour maintenir en vie un système politique en crise à travers plusieurs pays ? Sinon, que cherche-t-on à prouver à travers cette rencontre, la troisième du genre, après son lancement en 2021 par le président américain Joe Biden ? Tout ce qu'on peut lire à propos de ce Sommet montre que les organisateurs visent à monter une ligue contre la Chine en renforçant l'alliance entre les Etats-Unis et les pays asiatiques qui entretiennent des relations hostiles, notamment à propos de conflits territoriaux, avec Pékin. Et, on ne le cache pas. Selon l'itinéraire du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, avec l'entame, dimanche, en Corée du Sud d'une brève tournée en Asie, qui le mènera également aux Philippines, deux pays clés dans l'axe des alliés des Etats-Unis face à la Chine. Notons également que M. Blinken a effectué une brève escale à Bahreïn, samedi, où il s'est entretenu avec le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa à propos d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Une incohérence démocratique quand on se rappelle le véto américain contre la proposition par l'Algérie d'un cessez-le-feu devant le Conseil de sécurité. En tout cas, ce n'est pas vraiment le souci de ce sommet de la démocratie, qui réunit des responsables gouvernementaux, ONG et membres de la société civile, sélectionnés selon des critères «maison». D'ailleurs, plusieurs pays qui n'ont pas été invités à ce sommet ont critiqué le choix des participants et écartant d'autres, qui se voient comme des pays démocratiques, dont la Turquie et la Thaïlande, ainsi que d'autres qui gardent un silence observateur sur ce qui se passe sur la scène démocratique mondiale. On ne sait pas sur quelle déclaration va aboutir ce sommet, mais si on se réfère à la déclaration du dernier sommet, on peut constater que ce qui a été dit est en contradiction flagrante avec les événements qui marquent la scène mondiale. On a parlé «du désir partagé des peuples et des gouvernements du monde entier de veiller à la promotion d'une paix durable, de la prospérité et de la dignité humaine, la protection des droits humains et de veiller à la responsabilité des auteurs des violations des droits humains…». Alors que, dans la réalité, on ne peut pas aller plus loin en matière de négation de ces principes, notamment quand c'est l'entité sioniste qui viole ces droits humains. Ne voit-on pas que la paix durable, la prospérité et la dignité humaine sont piétinées à Ghaza, et ailleurs, face au silence assourdissant de la Communauté internationale, voire la complicité honteuse de certains Etats dans les crimes perpétrés par des pays soutenus par le bloc dit «démocratique».

Enfin, si la déclaration de ce troisième sommet de la démocratie garde la même élaboration que celle de l'année dernière, inutile de la lire, pour ne pas dévoiler à l'opinion l'aveuglement de ses concepteurs, et éviter de provoquer un sentiment «antidémocratique» chez les peuples qui souffrent des attitudes adoptées par des pays qui se déclarent démocratiques.