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Cela n'a pas été le tsunami mais l'éveil d'une conscience citoyenne

par Kharroubi Habib

Des marches et des rassemblements contre le cinquième mandat ont eu lieu ce vendredi dans plusieurs villes du pays. L'objectivité oblige à reconnaître que le mouvement protestataire attendu n'a pas eu l'ampleur du «tsunami» anti-cinquième mandat qu'ont espéré les activistes lanceurs d'appel à manifester ce jour-là. Il a été cependant démonstratif que le rejet du cinquième mandat par les Algériens n'est pas qu'une chimère à laquelle ne s'accrocheraient que des politiciens aigris et impuissants.

Si les Algériens n'ont pas répondu massivement aux appels à descendre dans la rue ce n'est pas qu'ils ne partagent pas l'indignation que suscite la reconduction d'un président au pouvoir depuis vingt ans et qui plus est désormais dans l'incapacité démontrée de gouverner. La réserve dont a montré la majorité d'entre eux leur a été dictée par la méfiance que leur ont inspirée les appels anonymes à manifester dont ils ont été arrosés à travers les réseaux sociaux. Même parmi ceux qui ont tenu à exprimer publiquement ce jour-là leur opposition au cinquième mandat nombre d'entre eux l'ont fait en se démarquant des activistes tapis dans l'ombre qui ont fixé une heure à manifester ce vendredi qui ne pouvait qu'être éclairante de leur filiation politique. Beaucoup de marches et de rassemblements ont en effet eu lieu la matinée et non après la prière du vendredi. Ce qui était façon pour les manifestants de démontrer qu'ils rejettent la récupération sans renoncer à manifester leur opposition au cinquième mandat. Qu'ils aient ou non répondu à l'appel à manifester, les Algériens font preuve en ces moments cruciaux que vit l'Algérie d'une maturité politique qui contrarie autant les desseins des tenants d'un cinquième mandat que de ceux qui tentent de se servir d'eux en tant que masse de manœuvre pour ressusciter la macabre situation dans laquelle il y a deux décennies ils ont plongé le pays avec l'espoir d'en finir avec la République. Bien que la protesta populaire n'a pas été aussi massive que redoutée par lui, le pouvoir sait que sa flamme peut se transformer en brasier s'il tente de l'éteindre par l'arbitraire et la répression. L'attitude des forces de l'ordre ce vendredi et la semaine écoulée face aux marches et rassemblements qui ont eu lieu a clairement démontré qu'il a pris acte qu'il serait suicidaire pour lui de faire usage de la force brutale pour les faire cesser.

Ces manifestations ont clairement montré que la mobilisation citoyenne dans le calme et sans dérapages comme les atteintes aux biens publics et privés est à même de faire reculer l'arbitraire. Conscients que cette mobilisation citoyenne qui s'interdit de recourir à la violence est l'arme que redoutent et le pouvoir et les manipulateurs de l'ombre, les Algériens qui, répétons-le, sont en majorité contre le cinquième mandat vont être de plus en plus nombreux à descendre dans la rue pour faire prévaloir leur revendication d'un changement politique qui ne condamne pas l'Algérie au sinistre choix entre la peste et le choléra.