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Kassaman contre Raminagrobis !

par Cherif Ali

Toute cette agitation pré-électorale au fond, n'intéresse les citoyens que par la menace qu'elle fait peser sur leur quiétude. Que ceux qui veulent rester au pouvoir et ceux qui s'échinent à y accéder s'affrontent dans l'arène politique et laissent les Algériens loin de leurs tentations !

Ce sont là quelques lignes d'un article en ligne intitulé « cette démocratie là »qui ont suscitées de nombreuses réactions dont celles qui, à notre sens, reflètent et l'ambiance qui règne dans notre pays et les pensés qui traversent l'esprit de nos concitoyens. Dans un premier post, publié par « kassaman », le pseudo utilisé par l'auteur, qui fait remarquer que « lorsqu'un peuple est brimé, martyrisé et dépouillé de ses droits à une vie juste paisible et prospère, son droit et même son devoir contre la tyrannie ,il doit être prêt, comme nos aïeux, au sacrifice suprême pour restaurer la dignité du peuple et des générations futures.

La question maintenant qui se pose avec acuité est, sommes-nous actuellement dans la situation de nos grands-parents qui subissaient le joug des colons ? Sommes-nous martyrisés, mis en esclavage, expulsés de nos terres et de nos maisons ?

La réponse est non, à l'évidence. Donc, allons-nous faire la révolution contre nous-mêmes, comme jadis nos martyrs contre le système colonial et ce pour des problèmes du quotidien ?Allons-nous faire appel à des armées étrangères pour qu'elles viennent régler nos différends ? Nos martyrs se sont-ils sacrifiés pour que l'on mette l'Algérie sens dessus dessous au premier mécontentement politique ? Ce qui ont un mécontentement à exprimer doivent pouvoir le faire, doivent pouvoir se réunir et manifester, se réunir et discuter, mais ils ne doivent faire rentrer le loup dans la bergerie en allant chercher de l'aide dans des pays étrangers, car ce monde est sans pitié, il n'y a pas de réelles démocraties, pas d'amis » Fin de citation.

Quant au second, plus véhément, répondant au nom « ronronnant » de « Raminagrobis », il sort « ses griffes » pour dire ceci et dans la foulée répondre à l'auteur de l'article et partant à Kassaman : «la rue, cher monsieur, n'est pas un choix, mais reste l'unique levier disponible pour recouvrer sa liberté et ses droits quand les dés sont pipés. C'est- et il ne faut jamais l'oublier ?par la rue que l'Algérie a recouvré son indépendance !

Maintenant, si vous pensez votre approche objective, allez donc développer vos thèses soft dans l'arrière-pays, au cœur de l'Algérie profonde, celle où vivent des populations qui, elles, n'ont rien à perdre, parce qu'elles n'ont... rien !!! Cessez également d'incriminer « cette démocratie-là » : elle a sûrement un autre nom !!! Fin de citation. Et de la rue, c'est vrai, il en est beaucoup question ces temps-ci !

Des marches spontanées sont signalées dans des lieux qui n'ont jamais défrayé la chronique. Qui ne sont pas pour le moins réputés pour être des bastions traditionnels de la contestation politique !

Moins que les stades, même si, bizarrement, à Béjaia, des supporteurs « se sont mis en marche » mécontents des mauvais résultats de leur club, après s'en être pris au staff technique, président et joueurs, ils en sont venus à contester la candidature du président de la République ! De la récupération, peut-être bien car beaucoup d'observateurs ont été surpris de voir ces jeunes, qui n'avaient pas de slogan politique particulier à la bouche, s'en prendre au président de la République ; leur marche était néanmoins pacifique et elle s'est terminée dans le calme et sous le regard des services de sécurité qui les encadraient.

Mais pourquoi donc, on veut faire sortir les Algériens dans la rue ?

Pour mettre face à face, ceux qui épousent les thèses de Kassaman et les radicaux de Raminagrobis qui rêvent d'en découdre ! De manifester pour le moins et si possible dans une « joyeuse pagaille » !

Rappelons aussi comme l'a dit quelqu'un, qu'en règle générale, une manifestation (de rue donc) tire sa légitimité de son organisateur qui peut-être un parti politique ou une organisation agréés et clairement, identifiés ; elle devient néanmoins, suspecte dés le moment où elle est l'œuvre d'un groupe occulte ou extrémiste ! Ces derniers ont, semble-t-il, élu domicile dans la toile parmi les Facebookeurs et leurs batailles Youtubeuses et les inévitables fake-news qui sont diffusées en boucle.

La majorité silencieuse refuse d'abonder dans ces combines macabres mêmes si certains Algériens peuvent, encore, être séduits par le «discours » de Raminagrobis.

Faut-il encore attendre, et pendant, combien de temps, pour que selon leurs bons vœux, le peuple finisse par être réduit à l'état de « franche moutonnaille » ? Sinon comment expliquer que cette engeance se préparerait, peut-être, déjà, à aborder la campagne électorale, le couteau entre les dents ?

C'est vrai que le climat presque tendu de cette présidentielle laisse transparaitre des signes d'inquiétude. Le discours des uns et des autres est plus musclé. L'air d'Algérie se remplit aussi de frissons, de couleurs et de bruits sourds. Au sortir des stades défouloirs par excellence, les ultras semblent dire aux badauds qui les observent s'agiter « Ne nous regardez pas, rejoignez-nous ! » rien à faire, les aînés ne bronchent pas. Vaccins par la décennie noire, ils ont payé un lourd tribut !

Pour les spécialistes, la détermination des ultras et néanmoins manifestants, est largement mise en scène par leur accoutrement, sweat à capuche et bâtons pour, certains, voire des couteaux et autres objets prohibés, comme s'il s'agissait pour eux d'indiquer qu'aucune liste de revendications ne peut épuiser le sens de leur exigence d'expressivité. Sur ce point, il est tout à fait probable que cette exigence est surtout un fantasme dans la mesure où son inscription politique n'a que peu de chances d'aboutir.

En d'autres termes, parce que l'accès à la rue est restreint, ou encore parce que le rassemblement des corps est empêché, rendre celui-ci possible par une occupation aussi forcée qu'illégale, ne peut-être, inévitablement, vécue que comme une résistance aux tenants du pouvoir. C'est ce que, à Dieu ne plaise, nous aurons à craindre et à vivre les jours, les semaines et les mois à venir ! A moins que la raison ne l'emporte sur la passion.

Pour conclure, dans Les Misérables, Victor Hugo s'est intéressé à la thématique de l'émeute en s'interrogeant : « De quoi se compose-t-elle ? De rien et de tout. D'une électricité dégagée peu à peu, d'une flamme subitement jaillie, d'une force qui erre, d'un souffle qui passe. Ce souffle rencontre des têtes qui pensent, des cerveaux qui rêvent, des âmes qui souffrent, des passions qui brûlent, des misères qui hurlent, et les emporte. Où ? Au hasard. À travers l'État, à travers les lois, à travers la prospérité et l'insolence des autres. Les convictions irritées, les enthousiasmes aigris, les indignations émues, les instincts de guerre comprimés, les jeunes courages exaltés, les aveuglements généreux, la curiosité, le goût du changement, la soif de l'inattendu, le sentiment qui fait qu'on se plaît à lire l'affiche d'un nouveau spectacle et qu'on aime au théâtre le coup de sifflet du machiniste ; les haines vagues, les rancunes, les désappointements, toute vanité qui croit que la destinée lui a fait faillite ; les malaises, les songes creux, les ambitions entourées d'escarpements ; quiconque espère d'un écroulement une issue ; enfin, au plus bas, la tourbe, cette boue qui prend feu, tels sont les éléments de l'émeute. [...] Ce qu'il y a de plus grand et ce qu'il y a de plus infime les êtres qui rôdent en dehors de tout, attendant une occasion, bohèmes, gens sans aveu, vagabonds de carrefours, ceux qui dorment la nuit dans un désert de maisons sans autre toit que les froides nuées du ciel, ceux qui demandent chaque jour leur pain au hasard et non au travail, les inconnus de la misère et du néant, les bras nus, les pieds nus, appartiennent à l'émeute. [...] L'émeute est une sorte de trombe de l'atmosphère sociale. [...] Si l'on en croit de certains oracles de la politique sournoise, au point de vue du pouvoir, un peu d'émeutes est souhaitable. Système : l'émeute raffermit les gouvernements qu'elle ne renverse pas. Elle éprouve l'armée ; elle concentre la bourgeoisie ; elle étire les muscles de la police ; elle constate la force de l'ossature sociale. C'est une gymnastique ; c'est presque de l'hygiène. Le pouvoir se porte mieux après une émeute comme l'homme après une friction.»

A méditer, vraiment, par Kassaman et Raminagrobis et ceux parmi leurs ouailles qui approuveraient leur démarche.