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Minimum syndical

par Moncef Wafi

Malgré la main lourde de la tutelle, la grève se poursuit, se durcit même dans les secteurs de l'Education et la Santé. Les mouvements sociaux, solidaires dans la confrontation directe avec les pouvoirs publics, ne semblent pas vouloir lâcher du lest face à la détermination politique du gouvernement à envelopper les débrayages dans un papier d'antipatriotisme. Après le Cnapeste, c'est au tour des cinq syndicats réunis sous la bannière de l'intersyndicale de l'éducation d'entrer en grève nationale après l'échec de la réunion, tenue dimanche dernier, avec leur ministre. Là encore, la promesse d'une radicalisation du mouvement a été brandie en réponse à la position de la tutelle de ne pas céder du terrain.

Entre ponction ou gel des salaires et radiation pure et simple du corps des fonctionnaires, l'autre partie insiste sur la grève, même si elle est déclarée illégale par la justice, comme seul moyen de pression sur le gouvernement, en prenant en otage les citoyens. Parmi les revendications communes, on retrouve l'amélioration du pouvoir d'achat, le respect des libertés syndicales et la révision de la grille salariale en fonction de l'inflation, points convergents de tous les mouvements sociaux que connaît le pays. Si le gouvernement et les syndicats prenaient au moins la peine de trouver un compromis sur ces questions, en tête-à-tête ou à travers des médiations, on pourrait peut-être avancer sur le chemin de la réconciliation sociale. Tous les Algériens, qu'ils soient médecins, enseignants, bref, tous les salariés font face à une hausse des prix sans limite et de ce fait, il est clair qu'il est temps de les rassurer. Les autres articles de discorde peuvent être traités séparément, loin de toute pression.

A court d'arguments, gouvernement et syndicats se renvoient la responsabilité de l'échec des négociations alors que le citoyen algérien est le seul qui va devoir payer la facture au final. Devant l'impasse provoquée par l'obstination officielle, les surenchères syndicales et les récupérations politiciennes, il est à se demander pour quand la fin de ces bras de fer et surtout leurs conséquences sociales. Il ne fait aucun doute que la terminologie belliqueuse utilisée par les deux parties ne peut qu'augmenter les risques d'une déflagration générale et diminuer, conséquemment, les chances de parvenir à un accord de sortie de crise. Mais entre la volonté des uns et des autres et la réalité algérienne, pas toujours rationnelle, on en est encore à menacer.